Après des années d’isolement : La Syrie réintègre la Ligue arabe

MBS serrant la main à Bachar el-Assad/AP.

Bachar el-Assad a reçu un accueil chaleureux lors du sommet arabe tenu vendredi à Jeddah. Le président syrien à eu même droit à une accolade du prince héritier d’Arabie saoudite MBS lors d’une réunion de dirigeants arabes qui l’avaient évité pendant des années. Ce revirement spectaculaire entre dans le cadre d’un changement de politique auquel s’opposent les États-Unis et d’autres puissances occidentales. Le prince héritier saoudien Mohammed bin Salman (MBS) a serré la main d’un Assad rayonnant au début du sommet à Djeddah, tournant la page de l’inimitié envers un dirigeant qui s’est appuyé sur le soutien de l’Iran chiite et de la Russie pour massacrer ses ennemis. Le sommet a mis en évidence les efforts redoublés de l’Arabie saoudite pour exercer une influence sur la scène mondiale, en présence du président ukrainien Volodymyr Zelensky et de MBS qui a réaffirmé la volonté de Riyad de jouer un rôle de médiateur dans la guerre entre l’Ukraine et la Russie. L’Arabie saoudite, puissance pétrolière autrefois fortement influencée par les États-Unis, a pris la tête de la diplomatie dans le monde arabe au cours de l’année écoulée, en rétablissant des liens avec l’Iran, en accueillant de nouveau la Syrie et en jouant un rôle de médiateur dans le conflit soudanais.

Alors que de nombreux États arabes espèrent qu’Assad prendra désormais des mesures pour éloigner la Syrie de l’Iran chiite, ce dernier a déclaré que « le passé, le présent et l’avenir du pays sont l’arabisme », sans toutefois mentionner Téhéran, qui est un proche allié de la Syrie depuis des décennies.

Dans une attaque apparente contre le président Erdogan, qui a soutenu les rebelles syriens et envoyé les forces turques dans le nord de la Syrie Assad a souligné le « danger de la pensée expansionniste ottomane », la décrivant comme influencée par les Frères musulmans, un groupe islamiste considéré comme un ennemi par Damas et de nombreux autres États arabes. Le prince héritier Mohammed a déclaré qu’il espérait que le « retour de la Syrie au sein de la Ligue arabe conduirait à la fin de sa crise », 12 ans après que les États arabes ont suspendu la Syrie alors qu’elle sombrait dans une guerre civile qui a fait plus de 350 000 morts. L’Arabie saoudite « ne permettra pas que notre région devienne un terrain de conflit », a déclaré MBS, affirmant que la page avait été tournée sur « des années douloureuses de lutte ». Washington s’est opposé à toute normalisation avec Assad, estimant qu’il fallait d’abord progresser vers une solution politique au conflit. « Nous comprenons le point de vue des États-Unis et de nos partenaires occidentaux, mais pour relever les défis actuels, une nouvelle approche est nécessaire, ce qui ne sera pas possible sans dialogue », a déclaré le ministre saoudien des affaires étrangères, le prince Faiçal bin Farhan Al Saoud, lors d’une conférence de presse.

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