Laila Lamrani
Dans la France de toutes les crises de Macron, les Premiers ministres se succèdent à un rythme soutenu pour tomber en un temps record dans un champ de bataille politique en ruines. Dans la grande tradition française du feuilleton politique, les rebondissements n’attendent pas l’entracte. Entre un départ retentissant au sommet de l’État et un mouvement social qui refuse de baisser le volume, la capitale joue une nouvelle fois sa comédie préférée : celle où chacun s’empresse de réécrire le scénario avant même que le rideau ne tombe.
François Bayrou, vétéran du centrisme qui a survécu à plus de coalitions qu’un vieux chêne aux tempêtes, a choisi son moment. Au milieu d’une mer agitée de contestations sociales, il a remis sa démission au président français après avoir perdu le 8 septembre le vote de confiance de l’Assemblée nationale dont les députés ont vivement critique son plan budgétaire. Jamais un Premier ministre n’était tombé après avoir sollicité ce type de vote dans l’histoire de la Ve République.À peine le poste éjectable libéré , déjà un nouveau visage s’installe à Matignon. En fait, il n’est pas aussi nouveau que ça. Jusqu’ici ministre des Armées, Sébastien Lecornu, fraîchement nommé, a promis « écoute » et « réconciliation »… Ce qui, en langage de la 5ème république à la sauce Macron, signifie généralement : « donnez le temps à Macron pour me trouver un autre remplaçant ».
Lequel Macron s’entête à vouloir gouverner alors que son camp. ne dispose pas de majorité confortable. Ce qui met tout Premier ministre qu’il désigne à la merci d’une motion de censure. Résultat : Depuis le second mandat de Macron, la France a connu 5 Premiers ministres. Un exploit qui mérite de figurer dans le Guinness. Seule solution de sortir de ce vaudeville politique à répétition, la convocation de nouvelles élections avec l’espoir qu’un nouveau scrutin permette de dégager une majorité claire. Certains partis d’opposition y sont favorables, estimant qu’un retour aux urnes est le seul moyen de dépasser la crise actuelle. Mais le président semble réticent à cette idée, assez risquée : une dissolution de l’Assemblée nationale pourrait en effet renforcer davantage les autres camps au détriment du sien, rendant la situation encore plus difficile.