Laila Lamrani
Les sionistes violent déjà le cessez-le-feu
À peine signée, la trêve à Gaza vacille déjà à cause de la reprise des bombardements sionistes. Entré en vigueur le 10 octobre, l’accord de cessez-le-feu – le troisième en deux ans – semblait offrir un répit après une guerre génocidaire qui a fait plus de 68.000 morts côté palestinien et 1.221victimes israéliennes depuis 2023. Mais les violences meurtrières de dimanche ont replongé l’enclave dans l’incertitude, faisant craindre un effondrement de la fragile accalmie.
Regain de violence
Dimanche, des frappes israéliennes ont tué au moins 45 Palestiniens dans la bande de Gaza, selon les services de défense civile sur place. Ces violences, parmi les plus graves depuis l’entrée en vigueur du cessez-le-feu, ont immédiatement suscité une réaction de l’ONU.
À New York, le porte-parole du secrétaire général, Stéphane Dujarric, s’est dit « préoccupé » et a exhorté toutes les parties à respecter pleinement leurs engagements. Du côté israélien, l’armée évoque une riposte à des tirs du Hamas. Le mouvement islamiste dément toute violation de l’accord.
Pressions diplomatiques
En visite en Israël, le vice-président américain JD Vance s’est voulu rassurant :
« Ce que nous avons vu ces derniers jours me rend très optimiste sur la durée du cessez-le-feu », a-t-il affirmé à Kiryat Gat, près de la frontière avec Gaza.
Pourtant, le ton de Washington demeure ferme vis-à-vis du Hamas. Le président Donald Trump a mis en garde :
« Si le Hamas ne respecte pas l’accord, sa fin sera rapide, terrible et brutale. »
Selon l’accord en cours, le Hamas a libéré 20 otages vivants au 13 octobre. Il devait également restituer les corps de toutes les personnes décédées qu’il détenait. À ce jour, seuls 13 dépouilles ont été remises. Le mouvement a promis d’en rendre d’autres, évoquant des difficultés liées aux destructions massives.
Cessez-le-feu fragile
Malgré les tensions, aucune des parties ne veut officiellement faire voler l’accord en éclats. Le Hamas assure depuis l’Égypte :
« L’accord tiendra, nous le voulons et nous avons la volonté de le respecter ».
Car pour les Palestiniens de Gaza, la trêve signifie l’accès à une aide humanitaire vitale dans un territoire détruit, asphyxié et affamé. Le Programme alimentaire mondial rappelle que le maintien de la trêve est “vital pour sauver des vies”.
Côté israélien, l’opinion publique reste partagée : soulagée de voir des otages revenir, mais inquiète de voir le Hamas toujours debout. Le gouvernement Netanyahu parle de paix tout en maintenant des opérations ciblées et en conditionnant l’entrée de l’aide humanitaire.
Et après ?
Les plans américains prévoient, dans une prochaine phase, un retrait progressif des forces israéliennes de Gaza, accompagné du désarmement total du Hamas – une exigence que le mouvement refuse et qu’aucun calendrier officiel ne fixe.
Pour l’heure, la trêve tient, mais sur une ligne de crête. Entre feu diplomatique et feu militaire, Gaza reste suspendue à la fois à la parole des dirigeants… et aux sirènes des ambulances.