Deux mois après le second tour des élections législatives, le président français Emmanuel Macron prolonge le cycle de ses consultations dans l’espoir de dénicher l’oiseau rare.
La France trouvait facilement un Premier ministre et montait un gouvernement, quelques jours après l’annonce des résultats des élections législatives. Cette époque semble révolue avec la France de Macron. Une France qui s’enfonce dans une crise institutionnelle aiguë qui bouche son horizon politique et aggrave ses problèmes économiques.
Après le second tour des élections législatives anticipées, qui a enfanté une Assemblée nationale scindée en trois blocs, le président français n’a toujours pas nommé le successeur de Gabriel Attal à Matignon. Le Premier ministre démissionnaire continue malgré lui d’expédier les affaires courantes alors que se rapproche le 1er octobre, date butoir pour le dépôt du projet de loi de finances au Parlement. Face à cette situation inextricable tournée en dérision sur les réseaux sociaux, les Français sont en proie à la lassitude, voire à la désillusion. Surtout après la décision de M. Macron lundi 26 août d’éconduire la candidate du NFP, issue des rangs de LFI, Lucie Castets au poste de Premier ministre. Celle-ci s’est empressée de dénoncer « déni de démocratie ». « On est face à un président de la République qui veut à la fois être président, Premier ministre et chef de parti. Les institutions ne peuvent pas fonctionner comme ça », fustige-t-elle.
La défiance à l’égard de Macron est telle que Mathilde Panot, présidente du groupe LFI à l’Assemblée nationale, a annoncé, mardi 3 septembre, le dépôt de la proposition de résolution visant à destituer Emmanuel Macron. Les noms d’une flopée de candidats au poste de Premier ministre ont circulé ces derniers jours. Karim Bouamrane, le maire socialiste franco-marocain de Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), a déclaré vendredi 29 août qu’il se sentait « en capacité » de devenir premier ministre, mais uniquement si sa formation politique et le Nouveau Front populaire (NFP) lui donnaient leur feu vert. Toujours à gauche, c’est le nom de l’ex-Premier ministre et ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve, reçu par Emmanuel Macron, qui semble avoir les faveurs du président après que Xavier Bertrand (LR) a décliné l’offre de la chefferie de Matignon.
Dans le contexte français actuel miné par les contradictions, il est difficile pour ne pas dire de dénicher la personnalité idoine, un Premier ministre de cohabitation qui fasse l’unanimité et dont le gouvernement pourrait échapper à une motion de censure. L’impasse politique semble totale. La France ingérable.
