Le cuisant désaveu de Netanyahu par les Juifs américains

Donald Trump Benyamin Netanyahu au Musée d'Israël à Jérusalem le 23 mai 2017. (Yonatan Sindel/Flash90).

Malgré l’engagement sans précédent de Netanyahu aux côtés de Trump (et réciproquement), les Juifs américains ont voté massivement pour Biden, un sénateur juif lui offrant même la majorité au Congrès ! L’accession de Joe Biden à la Maison-Blanche le marque sans conteste la victoire du candidat populaire auprès des Juifs américains contre le président sortant Donald Trump, auquel Benyamin Netanyahu s’identifiait largement. Et tant pis si « le deal du siècle » que les deux dirigeants avaient conclue il y a un an n’a produit absolument aucun résultat en terme de paix israélo-palestinienne : il s’agissait en fait d’un pacte personnel entre Trump et Netanyahu, chacun s’engageant à mobiliser toutes ses ressources pour favoriser la réélection de l’autre. Cela montre combien le désaveu des Juifs américains est un revers cinglant pour le chef du gouvernement israélien, dont l’avenir politique, déjà compromis par une triple inculpation pour corruption, escroquerie et abus de confiance, se jouera dans les élections israéliennes, le 23 mars, les quatrièmes en moins de deux ans.

Netanyahu a fait le choix stratégique de s’appuyer au nom d’Israël, non plus sur une diaspora jugée trop critique, mais sur «les sionistes chrétiens dont le soutien était inconditionnel ». En effet, pour ces fondamentalistes évangéliques, le « Retour » du peuple juif sur une « terre d’Israël qui inclut la Cisjordanie » participe à l’accomplissement des prophéties. Netanyahu a cultivé pendant de nombreuses années ces réseaux très marqués à droite, malgré les troubles provoqués chez les Juifs américains par les dérapages antisémites des figures de proue de ce mouvement « sioniste chrétien ». C’est avant tout pour sécuriser un électorat aussi fondamentaliste que Trump a multiplié les violations du droit international, depuis le déplacement de l’ambassade des États-Unis en Israël à Jérusalem et le retrait de l’accord nucléaire iranien jusqu’à la «reconnaissance de la souveraineté israélienne sur le Golan syrien occupé et les colonies de Cisjordanie palestinienne ».

Netanyahu a été le premier bénéficiaire de tous les gestes unilatéraux de Trump et il n’a pas manqué de célébrer avec emphase la politique et la personne du président américain. Ce dernier, cependant, s’est inquiété de ne pas obtenir, après de telles initiatives, le soutien qu’il espérait en retour de la communauté juive. Trump a même accusé ses compatriotes juifs de « ne pas aimer assez Israël », poussant la confusion des genres en qualifiant Netanyahu de « votre premier ministre » devant la convention de républicains juifs, comme si les Juifs américains avaient Israël plutôt que les États-Unis comme patrie. Quant à la pression pro-Trump de Netanyahu, il n’a pas convaincu la grande majorité des Juifs américains de se détourner du Parti démocrate. La politique de Trump au Moyen-Orient à cet égard a moins pesé que la montée de la violence antisémite aux États-Unis pendant sa présidence.

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