Saïd Bouteflika menace de divulguer des secrets d’État

Said Bouteflika, la boîte de Pandore de l’Algérie ?

Devant le juge qui lui a demandé s’il avait un dernier mot avant le verdict, le frère de l’ancien président, Saïd Bouteflika a menacé le régime politico-militaire algérien, dans une déclaration fracassante qui montre que ce qui ressemble à un État algérien tient à un fil et qu’un rien peut l’ébranler. Une déclaration qui ne manquera pas d’apporter de l’eau au moulin d’Emmanuel Macron, le président français, qui s’interrogeait fin septembre sur l’existence de l’État algérien avant la colonisation française. En effet, Saïd Bouteflika, autrefois frère tout-puissant de l’ex-président Abdelaziz Bouteflika, a voulu délivrer un message clair au régime, en faisant des déclarations qui remettent en cause la solidité des bases de l’État algérien. Le mardi 12 octobre 2021, troisième jour de son procès ouvert dimanche, lorsque le juge l’invite à dire un dernier mot, Saïd Bouteflika, qui sait mieux que quiconque comment fonctionne la justice de son pays, a préféré s’adresser aux principaux dirigeants algériens, plutôt qu’au magistrat. « Je détiens des secrets d’État », a-t-il déclaré, « et si je les divulgue un jour, les fondements de l’État seront ébranlés.

Je préfère me taire», a-t-il menacé devant le juge de la chambre criminelle du tribunal de Dar El Beïda. Outre Saïd Bouteflika, cet énième procès concerne également d’autres anciens responsables impliqués dans des affaires de corruption, en l’occurrence Tayeb Louh, ancien ministre de la Justice, et Ali Haddad, ancien chef du patronat algérien. La question qui se pose est de savoir dans quel autre pays du monde les propos d’un homme peuvent ébranler les fondements de l’État. Mais, en Algérie, ces propos sont pris très au sérieux, car Saïd Bouteflika était au centre du pouvoir pendant les 20 ans de règne de son frère, dont il était officiellement le conseiller. Vers la fin, tout le monde savait que c’était lui qui tirait les ficelles au Palais d’El Mouradia, ce qui est une autre particularité algérienne qui démontre la faiblesse de l’État. En effet, il avait manifestement réussi à s’emparer du pouvoir, alors que son frère, terrassé par une attaque cérébrale en 1993, était malheureusement cloué dans un fauteuil roulant. Preuve que sa menace est prise en compte par le régime de la bande à Chengriha qui tire les ficelles de la justice, le juge a eu la main très légère. Saïd Bouteflika n’écope que d’une peine légère de 2 ans de prison dans cette affaire, ce qui laisse penser qu’il pourrait bientôt être libéré. A condition qu’il fasse analyser sa nourriture par un labo avant d’y goûter.

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