L’élection présidentielle anticipée du 7 septembre 2024 a tout de la farce électorale. D’abord le score soviétique, 94,65% des voix, réunis officiellement sur le nom du président sortant, décrédibilise d’office ce simulacre de scrutin qui a mis en compétition, face au candidat élu de l’armée, deux candidats: Abdelaali Hassani, un ingénieur de 57 ans, chef du Mouvement de la société pour la paix (MSP, principal parti islamiste), et Youcef Aouchiche, 41 ans, ex-journaliste et sénateur, à la tête du Front des forces socialistes (FFS, plus vieux parti d’opposition).
La farce se poursuit deux jours après l’annonce des résultats de ce scrutin plié d’avance. L’Autorité nationale indépendante des élections (ANIE) devient le bouc émissaire de tous les candidats, y compris du vainqueur annoncé, le président sortant, Abdelmadjid Tebboune ! Un scrutin marqué par une abstention d’une ampleur sans précédent et un cafouillage monumental sur les chiffres de la participation. Selon les chiffres officiels, M. Tebboune a obtenu 94,65 % des suffrages exprimés, contre 3,17 % des voix pour Abdelaali Hassani Cherif, du Mouvement de la société pour la paix (MSP), un parti islamiste. Quant à Youcef Aouchiche, issu du Front des forces socialistes (FFS), il n’a récolté que 2,16 % des suffrages.
Mais contre toute attente, dimanche 8 septembre, avant minuit, les directeurs de campagne des trois candidats ont dénoncé, dans un communiqué commun, « des irrégularités et contradictions dans les résultats annoncés », tout en affichant leur volonté d’ »informer l’opinion publique du flou et des contradictions des chiffres de participation ». Scandale…Fait marrant a l’image de son auteur, Abdelmadjid Tebboune devient le premier président au monde à contester sa propre victoire. Dans un souci de masquer l’ampleur de la désaffection populaire, Mohamed Charfi, le président de l’ANIE, a visiblement pris quelques libertés avec la transparence en annonçant une « moyenne de taux de participation » de 48,03 %, basée sur les taux de participation dans les wilayas (départements) divisés par leur nombre, 58. Le taux de participation est, en réalité, probablement inférieur à 25 %. La force de frappe régionale, selon l’expression du candidat de l’armée, l’inénarrable Tebboune, n’a de cesse de tourner la farce frappante. λ