Derrière les incertitudes que le rapprochement américano-russe fait peser sur l’avenir de l’Ukraine, c’est le destin de l’Europe entière qui est en jeu après la décision de M. Trump de lui retirer le parapluie américain…
Jamil Manar
Branle-bas de combat en Europe après le lâchage de Donald Trump de son allié européen et sa marginalisation dans les négociations à venir sur le dossier ukrainien qu’il a limitées aux États-Unis et à la Russie. Une réunion d’urgence à ce sujet crucial a été convoquée lundi 18 février 2025 par le président français à l’Élysée. Le président français a pu compter sur la présence des chefs de gouvernement de l’Allemagne, du Royaume-Uni, de l’Italie, de la Pologne, de l’Espagne, des Pays-Bas et du Danemark. Autour d’ Emmanuel Macron, les dirigeants de l’UE ont, aux côtés de la présidente de la Commission européenne Ursula Von Der Leyen et du patron de l’Otan Mark Rutte, tenté de s’entendre sur une vision commune sur l’avenir de l’Ukraine.
De hauts responsables américains et russes, menés par les chefs de la diplomatie, se sont retrouvés, le lendemain à Ryad, pour relancer une relation au point mort depuis l’invasion russe de l’Ukraine, sous le regard inquiet de Kiev et des Européens qui craignent que ce qui ressemble à un deal entre les deux puissances ne se fasse à leurs dépens. Ces conciliabules interviennent à un moment particulièrement délicat dans la relation transatlantique alors que les initiatives de Donald Trump, qui a repris langue avec le président russe Vladimir Poutine, donnent du fil à retordre aux Européens inquiets pour leur sécurité. Le locataire de la Maison Blanche a annoncé cette semaine qu’il rencontrerait son homologue russe en Arabie saoudite pour engager des négociations sur l’Ukraine, où la guerre déclenchée par l’invasion russe entre le 24 février dans sa quatrième année.
La Conférence sur la sécurité de Munich, qui s’est tenue de vendredi à dimanche, a été marquée par un discours hostile du vice-président américain J.D. Vance à l’encontre de l’Union européenne. Interrogé sur l’éventuelle participation des Européens, l’envoyé spécial de Donald Trump sur l’Ukraine, Keith Kellogg, a répliqué : « Je fais partie de l’école réaliste, je pense que ça ne va pas se produire ». Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a pour sa part exhorté ses alliés à se renforcer pour éviter un accord mitonné par les Américains « dans le dos » de l’Ukraine et de l’Europe. L’Ukraine « mérite la paix par la force », ont déclaré Ursula von der Leyen et le président du Conseil européen António Costa dans un message commun, à l’issue du conclave parisien alors le secrétaire général de l’OTAN a indiqué que « L’Europe est prête et a la volonté de se renforcer, de prendre l’initiative de fournir des garanties de sécurité à l’Ukraine ».
Si les dirigeants européens sont unanimes sur la nécessité d’une « une paix respectueuse de son indépendance, de sa souveraineté et de son intégrité territoriale », ils sont divisés sur l’envoi des troupes dans ce pays envahi par la Russie. L’Allemagne et l’Espagne ont estimé qu’il était « trop tôt » pour discuter de l’envoi de soldats européens en Ukraine, a l’inverse du Royaume-Uni qui s’est dit prêt à déployer sur place des soldats dans le cadre d’une force de maintien de la paix dans le pays. En fait, derrière les incertitudes que le rapprochement americano-russe fait peser sur l’avenir de l’Ukraine, c’est le destin de l’Europe entière qui est en jeu après la décision de M. Trump de retirer le parapluie américain au vieux continent qui n’a pas investi dans sa politique de défense. Ce qui la rend fragile face à un Poutine remis en sellé par les États-Unis de Trump. Ce qui ajoute au désarroi européen c’est leur ingérence flagrante dans la politique intérieure des pays de l’Europe, le vice-président US J.D Vance et Elon Musk ne cachent pas leur volonté d’y installer l’extrême droite. Plus qu’une attitude ouvertement hostile, une déclaration de guerre ( idéologique) pour renverser les régimes en place jugés dépassés. Un séisme géopolitique!