Au secours, on nous a changé le parti !

Une équipe du Canard a rencontré le démissionnaire par correspondance du PJD et lui a posé un certain nombre de questions sur son geste.

Vous avez créé l’événement politique en démissionnant de vos fonctions au sein du PJD dont celle de président du Conseil national et de membre de son secrétariat général . Qu’est-ce qui ne va pas ?

Tout dysfonctionne au sein de ce parti qui est devenu méconnaissable à force d’avaler couleuvres sur couleuvres avec le sourire du grand Al Othmani en prime. Il faut nous rendre notre parti…

Mais il est toujours là votre parti…

Mais ce n’est pas le PJD des premiers jours auquel j’ai adhéré dans la fierté, la piété et la bonne humeur. Le PJD actuel est un sacré fake. Au secours, on nous a changé le parti…

Qui « on » ?

Les forces de la dénaturation partisane, toujours à l’œuvre quand il s’agit de révéler ce que nous sommes réellement, un parti dont la seule compétence se limite à embobiner le peuple et lui vendre du virtuel. À l’heure du règne des masques, on continue injustement à nous démasquer. Ce qui relève de l’acharnement médiatico-politique.

Pourquoi avez-vous démissionné du parti alors que vous auriez pu rester pour changer les choses de l’intérieur…

Personnellement, j’ai toujours été adepte de la fameuse formule : courage, fuyons. C’est une démarche vertueuse qui a l’avantage de bousculer les adeptes de l’immobilisme et de la passivité. Quand le bateau est à la dérive, il faut sauver sa peau. C’est comme ça que ça se passe dans les films.

Mais on n’est pas dans un film…

Mais le PJD est devenu un mauvais film, mal scénarisé et mal réalisé, qui ne génère depuis quelque temps que des séquences de science-fiction des dirigeants avec la base.  Non, non, j’ai bien fait de prendre mon courage à deux mains et de fuir…

Votre démarche est pleine d’arrière-pensées : en fuyant dare-dare le navire PJD qui commence à couler, vous cherchez en fait à vous ériger en mauvaise conscience du PJD et de parangon de la vertu islamiste dans l’espoir inavoué de vous démarquer de la direction actuelle…

La direction actuelle a refusé ma tentative d’évasion et veut que je reste pour que l’on coule tous ensemble comme des damnés des strapontins.

Détrompez-vous, la chefferie du PJD ne m’intéresse pas, pas plus que les strapontins gouvernementaux. Certes, j’ai fait un passage au pouvoir qui ne m’a pas vraiment réussi mais j’aspire juste à une retraite paisible et grassement payée comme celle de notre gourou Benkirane.

Justement, c’est parce que vous avez été viré du gouvernement que vous crachez aujourd’hui dans la bissara, chère à Abdelaziz Rabbah et Mustapha El Khalfi…

Je tiens à préciser que je suis plutôt, en bon Fassi, un féru du khlii au bœuf et non à l’âne qui vient d’être apparemment inventée par un militant de la cause animale surexploitée.

Quid de la chefferie de la mairie de Fès ? Vous ne comptez pas en démissionner ?

La mairie de Fès n’est pas en équation. C’est la seule occupation qui me permet de m’enrichir au contact des électeurs dont je vais bientôt solliciter à nouveau les voix avec l’espoir qu’ils ne vont pas me virer comme un barbu malpropre…

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