Comme le coronavirus, j’ai muté…

Dans le cadre de la confraternité professionnelle, une équipe du Canard laqué de Shanghai a retrouvé Ilyas El Omari dans un restaurant de la ville où il l’a interrogé sur ses véritables desseins…

Vous avez fait sensation au Maroc avec votre nouveau look, barbe et lunettes avec greffe capillaire. Seriez-vous devenu islamiste par hasard ?

Jamais de la vie. Non, je suis devenu communiste après avoir été un parfait inconnu gauchiste dans les années 70, et viré pamiste il y a environ une décennie…

C’est quoi le pamisme ?

Le pamisme en référence au PAM (Parti Authenticité et Modernité) est un vrai-faux parti nourri à la mamelle de l’opportunisme et de l’affairisme. Dans ce domaine, le PAM est une belle réussite puisqu’il a attiré tous les opportunistes du pays.

…dont vous étiez le chef il y a quelques années…

C’était un passé dont je suis très peu fier… C’est pour cela que j’ai décidé de me tourner vers l’avenir…

C’est-à-dire vers la Chine à l’occasion du 100ème anniversaire de parti communiste. Qu’est-ce que vous faites dans l’empire du Milieu ?

J’y cherche une nouvelle vie politique qui soit plus en phase avec mon vécu riche en échecs. Le parti communiste chinois cadre parfaitement avec ma vision de la vie et des hommes. Mon rêve c’est d’y dégotter une petite place même en bas de l’échelle…

C’est pour cela que vous avez tressé des lauriers à ce parti dans les médias locaux à l’occasion de son centenaire .

J’espère que mon panégyrique aura fait mouche et séduit les pontes du PCC dont j’ambitionne-je ne vous le cache pas- de devenir le consul honoraire au Maroc et le représentant politique. Depuis quelque temps, je travaille d’arrache-pied pour cet objectif noble et suprême… J’ai même pris un prof de mandarin…

En tout cas, vous avez un talent remarquable en matière de cirage de pompes…    

Le cirage de pompe est un job difficile qui requiert une certaine effronterie et beaucoup d’intelligence politicienne. La Chine où je me rends depuis 2006 m’inspire des choses formidables.

En fait, je me rêve en patron de la succursale du PCC au Maroc. Ce serait pour moi l’aboutissement d’une carrière riches en zigzags, et une belle revanche sur mes adversaires qui me croient inutile et fini. Moi, patron du PCC à Rabat, j’aurais mes entrées partout, tout le monde voudrait m’inviter et s’afficher avec moi, puissance chinoise oblige…

Mais vous n’avez pas les yeux bridés.

Mais j’ai la vision qu’il faut. C’est pour cela que j’ai mis des lunettes de vue, laissé pousser la barbe et fait planter des cheveux. D’après une source amie au PCC, j’ai le profil du franchisé politique du PCC rehaussé par mon nouveau look qui me confère une certaine respectabilité, et l’air d’un intellectuel torturé par les problèmes de l’humanité. En totale immersion dans la culture chinoise, je suis en plein apprentissage. Comme le coronavirus, j’ai muté…

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