Une équipe du Canard a rencontré par hasard la ministre islamiste en charge des MRE au pied de la passerelle d’un bateau à Tanger Med, qui s’apprêtait à déverser son trop-plein de voyageurs.
C’est le rush des MRE et des étrangers sur le Maroc…Cela fait beaucoup de travail, non ?
Oh oui. Moi qui suis habituée à glander, je me suis retrouvée soudain dans une situation inédite que je désapprouve de toutes mes faiblesses politiques et ministérielles.
Mais encore ?
Les afflux considérables des MRE ont les allures d’une grande invasion. Il faut instaurer de nouveau les restrictions pour éviter les contacts explosifs susceptibles de relancer la covid…
La grande invasion ?
Le Maroc est trop petit pour accueillir autant de monde en l’espace de quelques semaines. Cela n’a rien changé à mon statut de ministre peinarde et planquée qui s’active dans le confort de l’anonymat.
En quoi consiste votre travail ?
Officiellement, je suis déléguée auprès du ministre des Affaires étrangères en charge des MRE. Mais dans les faits, je suis ministre reléguée aux petites tâches qui ne mangent pas de pain comme passer des coups de fil aux dirigeants du parti, se réunir avec les subalternes du ministère pour faire semblant de travailler.
En fait, je suis très mal tombée. Avec un homme avisé et compétent comme Nasser Bourita, je n’avais aucune chance d’agir comme je veux, et même d’exister. J’ai été bien bordée. Ni pouvoir de signature, ni pouvoir de critique.
Heureusement que l’opération Marhaba vous a fait sortir de votre hibernation ?
Merci les MRE. Ils m’ont fait exister, l’espace de leur retour au pays, et rappelé aux Marocains qu’il existe une sous-ministre déchargée pardon chargée des MRE.
Comme quoi un ministère des MRE dirigée par une islamiste ne sert à rien. Je dois reconnaître que mes prédécesseurs ont placé tellement la barre trop haut que je n’ai pu voler qu’au ras des pâquerettes.
En quatre ans de ministrabilité, avez-vous fait quelque chose pour le MRE ?
Je n’ai rien à cacher sauf mes cheveux. Pour être franche, je ne connais que dalle aux problèmes des Marocains de l’étranger, que du reste j’ai eu rarement l’occasion de rencontrer. La Covid m’a empêché de voyager aux frais de la princesse.
Pour tout vous dire, je suis étrangère aux problèmes des Marocains de l’étranger. La vérité je suis à contre-emploi dans ce poste où j’ai donné le mauvais de moi-même.
Quel ministère vous aurait convenu ?
J’aurais préféré le ministère de la solidarité et de la charité. Là, j’aurais montré de quel bois de santal je me chauffe.