Avec le tout nouveau Prix de la Paix FIFA, créé sur mesure, sans jury, ni shortlist et décerné au président Donald Trump, la FIFA a réussi un hors-jeu d’anthologie. Un moment de haute diplomatie footballistique que le Canard a tenté de décrypter dans les vestiaires avec le Gianni Infantino.
Propos recueillis par Laila Lamrani
M. Infantino, vous avez remis vendredi 5 décembre, à l’occasion du tirage au sort du Mondial 2026, le tout premier « Prix de la paix FIFA » à Donald Trump. Un geste fort… et franchement inattendu. C’est quoi le but ?
C’est simple : le football rassemble, la paix aussi. Et Donald Trump rassemble… bon, surtout ses partisans, mais c’est un début. Il fallait un symbole fort. Et qui mieux que lui ? C’est un homme d’unité : il divise tellement que, par contraste, les autres finissent par s’unir. Et last but not least, il a su faire taire les canons… enfin, en tout cas les commentateurs gênants
Mais il n’y avait ni jury, ni critères publics, ni candidats, ni délibérations . Est-ce que l’instance mondiale du foot s’est foutu de la gueule de Trump?
Pas du tout ! C’est un tirage au sort. Comme la Coupe du monde. Sauf que là, il n’y avait qu’un nom dans le chapeau. Et il a gagné haut la main ! Ou plutôt, haut la mèche.
Et puis, à la FIFA, on aime innover. Ce prix, c’est comme la VAR : on ne sait jamais quand ça tombe, ni pourquoi, mais on assume. Et puis, vous croyez que la paix a besoin de procédures ? Non, elle a besoin de grands gestes. Et d’un bon publicitaire.
Tout de même, remettre un prix de la paix à un homme connu pour ses tweets incendiaires, son humeur erratique et ses caps de cowboy, ce n’est pas un peu… disons… contradictoire ?
Pas du tout. Le foot est plein de contradictions : des défenseurs qui attaquent, des attaquants qui défendent, et maintenant des présidents qui prêchent la paix tout en brandissant des sanctions économiques. C’est la beauté du jeu.
M. Trump s’est montré reconnaissant en disant qu’il avait « sauvé des millions de vies », notamment au Congo. Pourtant aucun rapport concret n’atteste de ces miracles…
Les chiffres, ça se discute. Le storytelling, c’est plus fort. On appelle ça le football fiction. Et puis, qui peut nier que depuis qu’il est revenu au pouvoir, certaines guerres sont devenues… muettes ? Bon, peut-être pas finies, mais plus calmes. C’est déjà pas mal, non ?
Et maintenant ? À qui le tour ? Vladimir Poutine pour le prix du fair-play ? Bolsonaro pour la médaille de l’écologie ?
Ah ! Vous êtes impatient. Je ne peux rien confirmer, mais on envisage des prix pour l’amitié, la tolérance, et peut-être même… le hors jeu moral. Chaque dirigeant aura sa chance, surtout ceux avec un bon réseau diplomatique… ou un club à leur nom.
Dernière question : est-ce que Trump vous a demandé qu’on rebaptise la Coupe du monde en « Trump Cup » ?
Écoutez, rien n’est exclu. Il voulait un prix de la paix, on lui a donné un trophée. Pour le reste, tout dépend du budget sponsoring…








