Le président algérien Abdelmajid Tebboune a reçu une équipe du Canard dans son palais d’El Mouradia où il s’est prêté au jeu des questions-réponses avec une rare franchise….
Pourriez-vous M. Tebboune nous dire où va l’Algérie ?
Nulle part. Cela fait des années, voire des décennies que l’Algérie fait du surplace en se dirigeant vers de belles impasses à cause de notre meilleur ennemi marocain. Ce n’est pas juste que tout lui réussisse au détriment de notre pays qui s’enlise dans un isolement grandissant.
C’est votre politique résolument anachronique qui vous a conduit à l’isolement et non pas le Maroc…
En Algérie, la junte a pris l’habitude de faire du Maroc le bouc émissaire de tous ses malheurs et ratages. On ne change pas du jour au lendemain un réflexe aussi confortable sur lequel nous avons fondé notre politique tant intérieure qu’extérieure.
Pas moyen donc de faire amende honorable et de changer ?
Non ! C’est la faute au monde qui change d’alliés au gré des nouveaux enjeux géostratégiques et non pas à l’Algérie qui reste fidèle à ses principes fussent-ils contreproductifs et éculés.
Et puis, le Maroc n’a de cesse d’élargir le cercle de ses amitiés à l’international pendant que l’Algérie qui perd ses soutiens d’antan les uns après les autres est traitée comme un pays mineur ; ce que je ressens personnellement comme une provocation qui contribue considérablement au déséquilibre régional.
Trouvez-vous juste que les États-Unis, Israël, l’Espagne, et maintenant les Pays-Bas reconnaissent la souveraineté du Maroc sur son Sahara ?
Son Sahara ! Quel lapsus révélateur !
Ce n’est pas un lapsus, c’est la vérité que de nombreux pays ont malheureusement fini par découvrir. Mais au nom de la haine anti-marocaine qui coule dans mon sang et celui de la junte militaire que je sers loyalement, l’Algérie a choisi sciemment de l’ignorer et de soutenir le Polisario dans sa lutte factice pour créer un État indépendant.
Mais là aussi, votre pays a résisté à toutes nos manœuvres de déstabilisation malgré la force de nos pétrodollars. Le Maroc est non seulement debout mais, plus fort que jamais, il se permet de nous tailler des croupières.
Vous avez dit une lutte factice, encore un lapsus ?
Tout est factice. L’Algérie est factice ; le Polisario est factice et nos causes le sont toutes. La seule vérité c’est que l’Algérie va de mieux ne mieux mal.
Qu’est-ce que vous préconisez ?
Que l’ONU intervienne d’urgence afin d’ordonner au Maroc d’arrêter ses bombardements diplomatiques en série contre notre pays pour garantir le maintien des relations de mauvais voisinage. Ce n’est pas parce que l’Algérie est devenue une farce de frappe régionale que le Maroc doit se sentir encouragé à pilonner nos positions anachroniques.