Députe de Al Hoceima et chef du groupe parlementaire de l’Istiqlal à la première Chambre, Noureddine Mediane livre au Canard le fond de sa pensée d’ancien candidat malheureux à la ministrabilité du plus vieux parti du Maroc.
Vous avez l’air heureux et souriant comme jamais. Une bonne nouvelle du côté du gouvernement ?
Je deviendrai enfin ministre si tout se passe bien. C’est ce qui m’a été confirmé par le chef Nizar Baraka qui m’a assuré que cette fois est la bonne. J’ai trop longtemps attendu mon tour, mais à chaque fois on volait ma place. J’ai trop attendu, je ne peux plus attendre. Surtout que les moins qualifiés pour être ministres le sont devenus.
Mais la patience est une qualité…
Mais pas quand il s’agit d’aller à la soupe. Je commence à avoir trop faim.
Faim d’action ?
Non, faim du fauteuil et du portefeuille et tout l’apparat qui va avec. J’en rêve tous les jours depuis deux décennies au moins.
Le prochain remaniement ministériel est donc pour bientôt ou sera-t-il renvoyé aux calendes grecques ?
Je prie jour et nuit pour que cela se fasse. Ce retard qui n’a pas de sens me rend malade et fait de moi le plus dépité des députés et le dinosaure des candidats malheureux à la ministrabilité.
Si d’aventure, Nizar Baraka vous joue encore un sale tour comme lors de la formation de ce gouvernement et que votre nom n’est pas retenu, que feriez-vous ?
Un sit in devant la primature suivie, si je ne suis pas repêché, d’une grève de la faim. Fini le temps du militantisme stérile, bonjour l’action spectaculaire et les moyens de pression.Les moins qualifiés pour être ministres le sont devenus. Pourquoi moi alors que je suis nettement plus capé que le meilleur de l’équipe partisane actuelle.
Dois-leur rappeler que je suis le dernier des ténors et des mohicans de l’Istiqlal dont je suis le chef de groupe depuis plusieurs législatures ? Et sans fausse modestie, le meilleur d’entre eux parmi les militants maison, sérieux et fidèles.
Que pensez-vous des ministres parachutés repeints aux couleurs des de tel ou tel parti ?
Aucun ministre, à part le chef Baraka, n’est istiqlalien. Tous nous ont été imposés pour l’on ne sait quelle raison. C ;’est un scandale, une honte. C’est du petit maquillage politique avec lequel il faut au nom de la préférence partisane pour renouer avec les masques de militance maison.
Mais les partis sont réputés être des coquilles vides, dépourvus de compétences ministrables ?
Foutaises. Quand on veut tuer son chien, on l’accuse de rage. La preuve par moi-même. Je suis une compétence vivace, vivante, prête à faire tous les sacrifices et artifices pour quitter l’ombre ingrate de la députation vers la lumière scintillante du gouvernement.
Vous visez quel portefeuille ?
Pour moi, tous les ministères et les sous-ministres se valent du moment qu’ils ne sont pas sans portefeuille. Vive la charge ministérielle.