Une équipe du Canard a été reçue par le très sérieux Ahmed Rahhou dont la refonte du cadre juridique du Conseil de la concurrence qu’il préside donne plus de moyens pour chercher ce qui se cache sous le capot du business controversé des hydrocarbures.
Le Conseil de la concurrence que vous présidez vient de décider à l’unanimité de ses membres la reprise de l’instruction dossier des carburants accablé d’accusations de pratiques anticoncurrentielles. Pourquoi ce retour à un dossier sur lequel le Conseil a déjà statué ?
L’adoption des lois ayant permis la refonte juridique du Conseil confère plus de précision aux missions d’enquête qu’il réalise tout en donnant plus de garanties juridiques aux entreprises sous instruction. Pour nous, ces amendements sont un excellent carburant pour connaître ce qui se cache sous le capot du lobby des hydrocarbures…
Lobby des hydrocarbures?
C’est ainsi que sont qualifiés les distributeurs nationaux des carburants accusés de faire le plein de surprofits sur le dos des automobilistes. Notre ambition au Conseil est d’enquêter de nouveau pour savoir s’il y a effectivement une entente illicite entre opérateurs et un pipeline souterrain de gains illicites. Cette fois-ci je suis super-outillé.
Les distributeurs attribuent la flambée des prix à la pompe des mois précédents à la guerre en Ukraine qui a provoqué une hausse vertigineuse. Partagez-vous cet avis ?
Je n’ai pas d’avis personnel sur la question. Seules comptent les conclusions des experts du Conseil qui diront, preuves à l’appui, si les pétroliers marocains représentent un cartel ou non, si ces derniers ont effectivement super-profité de la libéralisation des hydrocarbures et du conflit russo-ukrainien. Ce qui est certain c’est que cette affaire qui a suscité beaucoup de controverse et un débat passionné part dans tous l’essence.
Il y a aussi le dossier des importations du gasoil russe bon marché par le Maroc qui selon le Wall Street Journal a importé rien qu’en janvier dernier 2 millions de barils contre 600 000 barils pour toute l’année 2022… Certaines sources ont fait état d’opérations de réexportation de ces cargaisons vers l’Espagne…
Cette affaire ne regarde pas le Conseil de la concurrence puisque rien n’interdit au Maroc de carburer au diesel russe et d’en tirer profit.
Quid du scandale de la raffinerie de la Samir qui n’a toujours pas trouvé de repreneur ?
Ce dossier complexe et chargé de soufre n’a rien de raffiné. Il me dépasse par son ampleur et ses zones d’ombre. Je n’ai pas envie de mettre les mains dans ce cambouis devant lequel tout le monde a calé…