Une équipe du Canard a interrogé le chef d’État-major de l’armée nationale populaire Said Changriha sur son statut, ce qu’il pense de Tebboune et sur les ressorts de sa haine envers le Maroc.
Vous êtes de toutes les cérémonies et inaugurations y compris la dernière en date de la CHAN aux côtés des présidents de la FIFA et de la CAF, Gianni Infantino et Patrice Motsepe. Le militaire que vous êtes n’a pas à être présent dans des manifestations civiles…
Dois-je vous rappeler que je suis plus qu’un simple petit militaire? Je suis le chef de l’État-major de l’armée algérienne des généraux et patron de fait de l’Algérie. En tant que général très particulier, je dois être présent et omniprésent même si cela peut choquer les démocrates et les vrais républicains.
Mais le président de l’Algérie s’appelle Abdelmajid Tebboune, n’est-ce pas ?
M. Tebboune est un excellent président fantoche élu par l’armée et non par le peuple. Pour le moment, il s’en sort pas mal, appliquant bien mes ordres. C’est une petite tête qui apprend vite mais je dois toujours être à ses côtés.
Pour lui rappeler constamment qui est le patron au cas où il l’aurait oublié ?
Absolument. Comme ça j’écrase de mes brodequins toute velléité d’indépendance éventuelle et lui fixer une fois pour toutes dans le crâne qui est le vrai patron.
Comment définissez-vous l’Algérie ?
L’Algérie est un régime militaire dans un costume civil et très peu civilisé.
Une république bananière ?
Ça aurait été formidable mais nous manquons cruellement de bananes qui restent en Algérie un produit de luxe qui fait saliver la masse des exclus comme la caste des privilégiés. L’Algérie est une république de navets savoureux mais déracinés, une nation sans histoire mais qui sait créer des histoires.
Essentiellement avec son voisin dont elle a fait son meilleur ennemi en multipliant les actes de provocation à son égard…
Notre système est atteint profondément par une maladie chronique, difficilement curable, qui a pour nom le royaume du Maroc, un État millénaire, auquel tout réussit, qui nous met dans tous nos états.
Le début de notre traumatisme date de la guerre des sables de 1963 qui a tourné à la déroute pour notre armée. Depuis, on n’arrête pas de s’ensabler en disjonctant dans les victoires diplomatiques et économiques du Maroc. A telle enseigne qu’on n’a pas résisté, après avoir enfanté le Polisario, à l’envie de rompre nos relations avec lui, de lui fermer notre ciel et de lui couper le gaz. Si c’était possible, on n’aurait pas hésité à lui couper l’oxygène.
Quelle est votre pire crainte ?
Je crains que l’Algérie, par la faute des réussites à venir du Maroc, ne se transforme en hôpital psychiatrique à ciel ouvert.