Une équipe du Canard a interrogé sur les tribunes le ministre de l’Education nationale et des Sports Chakib Benmoussa pour livrer sa première réaction à chaud après les bons résultats des Lions de l’Atlas…
Votre sentiment après les victoires historiques des Lions de l’Atlas ?
Un mélange de bonheur et de fierté. Alors que je suis d’un naturel introverti et impassible, la réussite de nos Lions m’a fait sauter de joie.
Au début je ne donnais pas, comme beaucoup d’observateurs, cher de la peau de notre équipe du fait qu’elle était abonnée aux échecs à répétition qui génèrent déceptions sur déceptions. Le Qatar nous a porté chance.
Que pensez-vous du foot?
Le foot est une merveille du monde. Aucune autre discipline qu’elle soit sportive, scientifique ou littéraire ne génère un tel bonheur. Aucune boisson alcoolisée, quelle que soit sa qualité, ne procure une ivresse aussi puissante.
C’est le vrai élixir exquis qui coule dans les veines de tous, la vraie langue internationale qui parle à tous les peuples, les fait vibrer en gommant les différences et toutes les frontières. Vive l’humanifoot !
Entre un génie de la plume et un virtuose du ballon , vous préférez qui ?
A l’heure où je vous parle, je préfère le virtuose du foot. Le ballon rond est valorisant, apporte des sensations exceptionnelles, relègue tout au second plan, en agissant comme un opium sur les masses tandis que l’école marocaine dont je suis le ministre de tutelle est une machine en panne qui fabrique des chômeurs et des exclus et révèle par conséquent les défaillances du pays et les insuffisances de son capital humain.
Mais vous êtes aussi ministre des Sports…
Je le suis juste sur le papier. Je n’ai aucune prise sur les disciplines sportives et leurs fédérations qui se sont longtemps autonomisées par rapport à la tutelle avec les résultats catastrophiques que l’on sait. Exception faite du football qui passionne les foules et arrive à enregistrer de bons résultats.
Faut-il davantage miser sur le foot ?
Certainement. Ce serait rentable de lancer un programme, un quartier, un stade pour permettre à tous les Marocains dès leur jeune âge d’apprendre à taper dans un ballon. C’est le meilleur moyen pour écrémer des talents et de les exporter à l’étranger.
A défaut d’être une nation de cerveaux, le Maroc, pays jeune et à la natalité forte, pourrait devenir une puissance footballistique de premier plan qui fabrique des pieds d’or. C’est un excellent filon pour développer notre diaspora en l’enrichissant d’une nouvelle élite : les joueurs marocains de l’étranger.
Une source de devises importante à développer.
Vous voyez, le Maroc malgré ses problèmes et ses insuffisances chroniques en matière éducative n’est pas vraiment footu.