« Le temps des coûts de food »

Ministre de l’Agriculture, de la Pêche maritime, du Développement rural et des Eaux et forêts.

Une équipe  du Canard a été reçue dans un champ dégarni par le ministre de l’Agriculture, de la Pêche maritime, du Développement rural et des Eaux et forêts Mohamed Sadiki …    

Votre ministère est au cœur du problème de la flambée infernale des prix des légumes et des viandes rouges.  C’est la faute à qui selon vous ?

C’est la faute à personne si on veut botter en touche. Si on  cherche à diluer la responsabilité, j’accuserai  le climat  dans toute sa diversité complexe: pluviométrique,  glacial, géopolitique, guerrière, diplomatique, inflationniste et logistique… Tous ces climats conjugués les uns aux autres ont déployé un appétit impitoyablement très dévorant.

Mais  cette cherté excessive a dévoré les couches démunies au point qu’elles ne mangent même plus à leur faim comme avant… Cela ne vous touche-t-il pas ?

Je sais que manger aujourd’hui au Maroc coûte beaucoup de  blé.  Le tajine,  naguère accessible aux défavorisés, est en train de devenir un repas de luxe même pour la classe moyenne. J’invite les  masses des pauvres à s’adapter en faisant preuve d’imagination pour trouver des solutions alternatives…

Comme quoi par exemple ?

Sauter des repas. Manger deux fois par jour.  En clair, réduire leur consommation quotidienne en observant le jeûne intermittent qui permet en plus de rester en bonne santé et de perdre des kilos superflus  pour les gens en surpoids.

Sans blague, le jeûne intermittent est selon vous  la parade contre la vie chère, sachant que pendant le Ramadan le  Marocain mange trois fois plus qu’en temps normal en l’espace de quelques heures ?

Je suis sérieux et j’invite la population qui veut préserver son pouvoir d’achat et à ménager  sa santé à manger moins et travailler plus. Je ne vois pas d’autre recette pour le moment pour affronter ces énormes coûts de food.

Comment se fait-il que le Maroc a été obligé devant la pénurie qui frappe le secteur des viandes rouges dont le prix a atteint des sommets  d’importer dans l’urgence des bovins du Brésil et de l’Uruguay ?

Franchement, je n’ai pas vu ce coup de vache venir, pris que j’étais dans la routine  ministérielle et les faux problèmes. Ajoutez à cela le fait que mon métier de ministre ce n’est pas de la tarte…

Devant tant de ratages, la question se pose: sommes-nous finalement autosuffisants en matière alimentaire ?

Vaste et complexe question que je dois inscrire au menu… de la prochaine réunion. Prions pour que  l’addition  ne soit pas davantage salée.

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