Ministre de la Transition énergétique et du Développement durable, Nadia Benali s’est confiée à une équipe du Canard sur sa fonction et la flambée des prix à la pompe…
Comment vivez-vous cette flambée des prix des carburants à la pompe à cause de la crise ukrainienne ? Comment comptez-vous faire pour réduire ces hausses préjudiciables à tout point de vue.
Après la fièvre du covid et ses effets ravageurs et indésirables, place à la fièvre des prix alimentaires et de l’énergie.
De quoi alimenter une panne générale dans bien des secteurs. Mais je vous assure que je n’y suis pour rien et en plus cette histoire ne me concerne pas du tout. Je préfère rester planquée jusqu’à ce que l’orage passe.
Mais encore ?
Dois-je vous rappeler que je suis ministre de la Transition énergétique et du Développement durable.
Comme ministre éphémère du développement durable qui a du mal à durer, j’ai remplacé celui de l’Énergie et des Mines dont les titulaires manquaient d’énergie tout en représentant une mine de problèmes et d’improvisation ? J’estime que j’ai par rapport à mes prédécesseurs meilleurs mine et dégage une énergie positive dans une ambiance vide de toute pression ou tension. Je suis zen et j’entends le rester.
Cela tombe bien ! Vous avez certainement une solution zen pour faire baisser la tension sur les prix à la pompe ?
Moi je me considère comme une ministre in, branchée, issue de la nouvelle vague, propre et renouvelable, qui va faire déferler ses bienfaits sur la planète dans une vision de développement solide et équilibré.
Quant à comment réduire le prix du gasoil et de l’essence, je n’en ai aucune idée. C’est une affaire gouvernementale et non ministérielle.
Faut-il suspendre les taxes sur les produits pétroliers ou comme le réclament certains fixer leurs prix à la pompe ?
Je n’en sais rien. Je dois avouer que je cale sur des problèmes pareils qui alimentent la grogne des consommateurs et la tension dans le pays. Moi et la politique, on ne fait pas bon ménage. Faire le plein du vide est un métier de politicien.
Et pourtant votre CV fait état d’une experte en énergies fossiles… Il est vrai que j’ai travaillé pour le saoudien Aramco, vendu mes services au World Economic Forum, puis à la Société d’Investissement arabe en pétrole (APICORP) avant d’intégrer la commission d’experts en énergies fossiles de l’ONU.
Vous auriez fait une excellente patronne de la Samir si elle était encore en vie…
Certainement. L’or noir est ma passion. Sentir l’odeur de l’essence et du kérosène m’excite. Comme ministre dans une conjoncture difficile, j’ai l’impression de vendre du vent, de prendre un mauvais virage. En vérité, j’ai besoin d’une fonction plus dynamique pour goûter l’essence des choses…