Nous sommes devenus le Mouvement perte sans profit

Le patron du MP Mohand Laenser

Une équipe du Canard a rencontré Mohand Laenser, dans son bled natal, Imouzzer Marmoucha, situé à l’extrémité du Moyen Atlas. Le patron du MP était en pleine méditation, assis sur une grosse pierre…

On ne vous a pas entendu tout au long de la période post résultats électoraux…

En fait, je n’ai rien à dire. Le MP a tout perdu. Son chef que je suis encore un peu a perdu la président de la région Fès-Meknès et le parti en tant que tel sa place dans le gouvernement. Nous sommes devenus le MSPP, le mouvement pertes sans profits.

Ainsi va la vie politique. On ne peut pas gagner à tous les coups et siéger toujours au gouvernement…

Mais le MP a pris goût au pouvoir et ne s’est jamais imaginé le quitter un jour. Et puis, qu’est-ce qu’on va raconter dans l’opposition. Crier que le gouvernement ne fait pas son travail ?  Ce n’est pas notre ADN.  On ne sait même pas comment s’y prendre pour s’opposer.  C’est trop compliqué pour nous.

Vous pouvez toujours financer des séminaires de formation à l’opposition pour vos 28 députés, non ?

Ce n’est pas mal comme idée mais les caisses du parti sont vides. C’est au Parlement de prendre en charge de telles initiatives.  

Quelle est la solution pour contourner l’obstacle de l’opposition qui est essentielle pour l’exercice démocratique

Épargnez-moi vos beaux discours !  Les partis de l’opposition sont des loosers qui auraient aimé tant être au pouvoir ou y rester. Point à la ligne.  

Comme nous ne savons pas faire de l’opposition, nous avons décidé de soutenir le nouveau gouvernement de Ssi Aziz Akhannouch. C’est ce qu’on appelle le soutien critique, qui est à mi-chemin entre l’opposition et la participation. J’espère que ce positionnement nous vaudra la bienveillance du futur Premier ministre quand il s’agit de distribuer les postes de responsabilités…Pas question pour nous de faire de l’opposition pour de l’opposition mais faire de l’opposition pour des positions ça nous va.

Si le patron du RNI béni nous oublie, nous risquons de tomber dans les oubliettes. Ce qui n’est pas bon ni pour la démocratie ni pour le moral du peu de militants sincères que nous avons et qui risquent de migrer vers les partis au pouvoir….

Le patron de l’UC Mohamed Sajid a fait le même choix que vous : le soutien critique.  Avec ses 13 députés, le PJD n’a pas de voix au chapitre faute de pouvoir  former de groupe parlementaire…Qui va alors faire de l’opposition conventionnelle ?

Il y a l’USFP et le PPS qui espéraient jusqu’au bout faire partie de l’équipe Akhannouch. Ces deux partis ont une culture de l’opposition qui, il est vrai, ont perdu à force de quémander des portefeuilles ministériels. Au MP, nous sommes au moins dignes. La mendicité politique doit être interdite par la force de la loi.

Quelle est votre valeur ajoutée dans tous les gouvernements auxquels vous avez participé ?

D’abord, notre présence physique qui découle de notre capacité à jouer les forces d’appoint utiles. Sans oublier le talent incomparable dont fait preuve le MP pour accepter n’importe quel strapontin. L’absence d’exigence chez nous est une grande qualité.

 

Les élections de 2021 ne vous ont pas porté chance, elles ont expédié le MP dans l’opposition…

Comme nous ne savons pas faire de l’opposition, nous avons décidé de soutenir le nouveau gouvernement de Ssi Aziz Akhannouch. C’est ce qu’on appelle le soutien critique, qui est à mi-chemin entre l’opposition et la participation. J’espère que ce positionnement nous vaudra la bienveillance du futur Premier ministre quand il s’agit de distribuer les postes de responsabilités…Si le patron du RNI béni nous oublie, nous tomberons dans les oubliettes. Ce qui n’est pas bon ni pour la démocratie ni pour le moral du peu de militants sincères que nous avons et qui risquent de migrer vers les partis au pouvoir….

Qu’allez-vous devenir ?  

Me retirer dans mon bled natal dans le Moyen Atlas pour méditer sur la condition misérable de l’opposant malgré lui.

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