Une équipe du Canard a rencontré le ministre de la Santé Khalid Ait Taleb alors qu’il était en train de mettre la dernière main à l’opération verrouillage du Royaume pour se protéger contre Omicron…
Un nouveau variant du nom d’Omicron, potentiellement plus contagieux, vient de surgir en amorçant sa propagation dans le monde… C’est le retour à la case départ ?
Malheureusement oui. Visiblement, l’humanité n’est pas sortie de l’auberge du coronavirus qui semble avoir de beaux jours devant lui.
Est-ce pour protéger le Maroc que vous avez anticipé en recommandant, via votre comité scientifique et technique, de suspendre les liaisons avec la France et plus tard avec tous les pays de la planète terre y compris l’île de Wak Wak ?
Nous n’avons fait qu’emboîter le pas à Israël qui est le premier pays à avoir fermé ses portes aux étrangers pour se protéger contre ce nouveau variant. Vous l’aurez compris, la France, qui est en train de prendre la cinquième vague en pleine figure, n’est plus un modèle pour le Royaume.
N’existe-il pas un autre moyen moins radical et surtout beaucoup moins coûteux pour le tourisme pour se protéger ?
Certes, il y a les tests antigéniques que j’ai fait installer il y a quelques semaines aux frontières nationales. Mais ce dispositif nécessite beaucoup de travail sur le terrain et a vite tourné au casse-tête pour moi et le ministère de la Santé. Le plus simple est de fermer le pays à double, voire à triple tour. C’est la solution que j’affectionne le plus car elle me permet d’être tranquille et de ne pas avoir pour une raison ou une autre à être tenu responsable en cas d’introduction du virus au Maroc…
Personne ne passe plutôt que de vérifier par le filtre sanitaire qui sont les individus sains pouvant entrer au pays?
Absolument. J’agis de la même manière comme si un chauffard risquait de rouler dangereusement sur une voie de circulation. Je préfère fermer toute la route à la circulation plutôt que d’œuvrer pour la neutraliser.
C’est la stratégie mortelle de la peur par anticipation et son accompagnement de mesures de suspension des vols avec l’étranger qui sont le seul moyen efficace pour nous protéger contre ce nouveau variant, nous faire éviter une saturation des services de réanimation et par conséquent garder mon poste de ministre que j’ai perdu avant de le retrouver. Merci Nabila Rmili.
Mais ces suspensions de vols à répétition font plus de victimes dans le tissu économique notamment dans le tourisme que parmi la population…
Les victimes économiques ou touristiques, ce n’est pas mon problème. Mon travail c’est de mieux gérer les flux des malades dans les hôpitaux et de sauvegarder les acquis sanitaires du pays. Le reste n’est que méfaits secondaires et dégâts multicollatéraux …
L’approche la plus cohérente serait d’agir par ciblage en protégeant les populations vulnérables qui sont les principaux « clients » des structures de la réanimation. Ce qui permettrait d’éviter la saturation de ces dernières tout en n’ayant pas à recourir aux diverses mesures restrictives comme la suspension des vols et des déplacements des personnes…
Je ne vois pas les choses de cette façon. Pour moi, rien de mieux que la fermeture du territoire national pour ne pas laisser une seule petite brèche au nouvel ennemi mondial qu’est Omicron.
Dans l’intervalle, les pays développés surveillent l’évolution de Omicron via leurs laboratoires et communauté scientifique tandis que moi je surveille les frontières du pays. A chacun son travail.