Une équipe du Canard a été reçue par le président russe Vladimir Poutine juste après son tête-à-tête avec le président en exercice de l’Union africaine (UA) Macky Sall.
Qu’est-ce que vous avez répondu à la demande du président de l’Union africaine de débloquer l’exportation des céréales ukrainiennes emprisonnées dans les silos à grains des ports de Marioupol ?
Je l’ai rassuré en lui répondant que les céréales sont disponibles, sauf que mes moissonneuses-batteuses, lancées en Ukraine et qui ne doivent pas être perturbées par le moindre grain de sable hostile, sont occupées à d’autres activités de fauchage. …
Mais le blocage de ces céréales représente une menace sur la sécurité alimentaire notamment africaine. Êtes-vous sensible à ce drame humain qui frappe injustement les victimes collatérales de votre guerre contre l’Ukraine ?
Dois-je répéter que c’est l’Occident avec ses sanctions contre mon empire nucléaire qui est à l’origine de cette situation que je regrette au demeurant ? C’est Biden et ses vassaux européens qui sont en train d’affamer les pauvres africains dont ils continuent à pomper les richesses au nom de grands principes virtuels.
Mais c’est vous Poutine qui avez déclenché la guerre contre l’Ukraine…
Il est vrai que je m’ennuie trop ces derniers temps. Il fallait alors que je m’occupe avec une grosse activité d’envergure planétaire. Là, je ne dors pratiquement plus. Avec le son des canons, je suis armé plus que jamais de détermination.
Détrompez-vous ! Je suis un bienfaiteur de l’humanité opprimée que je veux extraire des griffes des prédateurs. A mes yeux, les champs de blé, compte tenu de la sacralité de ma mission, sont beaucoup moins importants que les champs de ruine que ma guerre me permettra d’atteindre en les fertilisant de sang et de larmes.
En quelque sorte, la faim justifie les moyens et si les Africains manquent de pain ils n’ont qu’à manger de la pomme de terre ou du riz en attendant que je finisse le boulot propre que j’ai entamé.
Quel boulot ?
La reconquête de l’Ukraine russe, notamment le Donbass, et quelques autres territoires historiquement soviétiques, si j’ai encore du souffle guerrier. Pourquoi s’arrêter en si bon chemin surtout que les impérialistes ne savent plus par quel bout me prendre ? L’appétit vient en mangeant.
L’Occident que vous vouez aux gémonies vous traite de criminel de guerre. Comment vous définissez-vous ?
Oui, un criminel de guerre sympathique qui a du sang sur les mains et aussi du cœur. La preuve, dès que l’Occident aura levé ses sanctions contre mon empire, je lâcherai quelques graines pour l’Afrique où je compte bien conserver mon capital sympathie dans la perspective de sa libération du joug occidental.