Bien qu’il soit souffrant, le ministre d’État chargé des Droits de l’Homme et des Relations avec le Parlement El Mostapha Ramid a accepté de se prêter volontiers au jeu des questions du Canard…
Samedi 12 juin vous avez posté sur votre compte Facebook une lettre adressée à « vos frères et sœurs » du parti où vous avez laissé entendre que vous avez décidé de quitter définitivement le PJD…Pourriez-vous nous en dire plus ?
Effectivement, j’ai sciemment laissé les choses dans le brouillard. Je n’ai ni annoncé ma démission de mes responsabilités du parti ni indiqué que je maintiens ma présence au PJD. J’ai toujours affectionné l’opacité et le mystère. C’est dans mon ADN, je crois.
Mais un homme politique doit être clair aussi bien avec ses collègues du parti qu’avec les citoyens, non ?
Qui vous a dit que j’étais un homme politique tel que vous l’entendez ? Je me considère essentiellement comme un avocat à qui la vie politique a souri en devenant ministre alors qu’il ne s’y attendait guère. Finalement, j’ai fait un excellent investissement en intégrant le PJD…
Vous avez parlé dans votre message de « raisons de santé » et de motifs que vous avez jugé inutiles de mentionner…
Vous savez, je n’ai plus la force ni la fougue du temps de l’opposition. Ce furent mes plus belles années de militance. Je pouvais tout dénoncer en toute liberté en s’attirant la sympathie des gens. Le pouvoir et son confort m’ont enlevé mes dernières forces. Le compromis politique est synonyme de compromission.
Les motifs que vous avez évité de citer ont-ils un lien avec le vote des députés du PJD contre le projet de loi sur la légalisation du cannabis à usage thérapeutique ?
Ah le cannabis ! Manipulés par le gourou aigri, mes frères et sœurs du parti se sont plantés en diabolisant cette plante. Ils ont raté une belle occasion de montrer qu’ils sont des élus véritablement lucides…
En commentant votre lettre de démission mi-figue mi-raisin les internautes n’ont pas été tendres. Bien au contraire…
Pour beaucoup de Marocains, je ne vaux guère mieux que les autres. Ils voient en moi un petit opportuniste qui s’est servi de la religion pour accéder au pouvoir. Dans un sens, ils ont raison puisque je n’ai rien pu changer ni comme ministre de la Justice ni comme celui des Droits de l’homme…
Mais vous avez quand même réussi à montrer votre vrai visage à l’occasion de la découverte que votre assistante, décédée, qui officiait dans votre cabinet d’avocat n’était pas déclarée à la CNSS… Avez-vous des regrets à ce sujet?
Je ne comprends pas pourquoi les médias m’ont fait un énorme procès pour si peu de choses. Pour moi, l’aumône est plus précieuse que la sécurité sociale.