Ministre de l’Equipement, du transport, de la logistique et de l’Eau, Abdelkader est titulaire d’un portefeuille qui ne le propulse pas pas en première ligne en ces temps de coronavirus, maladie qu’il est le seul responsable politique à avoir chopé jusqu’ici sans mettre ses jours en danger.
Etes vous complètement rétabli ?
En tout cas, je me sens en forme. Plus de fièvre ni de maux de tête ni de fatigue. Au point que je me sens capable de sauter illico dans un avion pour reprendre mon bâton de ministre voyageur compétent.
Mais les avions sont cloués au sol, pour cause de Covid-19, vous ne le saviez-pas ?
Ah bon ! personne ne me l’a dit. C’est dommage pour le tourisme politique dont je suis un fervent adepte…
Dites-nous, comment avez-vous vécu votre contamination au coronavirus et l’hospitalisation qui s’en est suivie ?
Entre espoir et crainte. Franchement, j’avais peur de passer de l’autre côté de la barrière alors que mon mandat de ministre peinard et voyageur n’a pas encore expiré. Mais tous comptes faits, je dois beaucoup à cette maladie mystérieuse que je considère personnellement, lorsqu’elle s’en prend aux personnalités politiques, comme un crime contre l’immunité.
Mais encore ?
Cette maladie a fait parler de moi, me faisant connaître auprès de toute la population nationale et même internationale. En un mot, je suis rentré dans l’histoire, mon nom sera certainement dans ses manuels. Je fais désormais partie de célébrités qui ont chopé le coronavirus sans les tuer et cela flatte mon petit égo de faux islamiste. Je suis un rescapé béni et heureux.
C’est juste que votre heure n’a pas sonné ?
J’ai été surtout heureux de constater que ma carrière politicienne n’a pas été condamnée et que je peux poursuivre ma convalescence bien confiné chez moi en attendant le retour à la normale.
C’est quoi le retour à la normale pour vous ?
Retrouver mon portefeuille de ministre actif dans le domaine des voyages internationaux. Bourlinguer, ne descendre d’un avion que pour sauter dans un autre, transiter par plusieurs aéroports différents, faire du duty free en attendant l’embarquement…Quelle activité trépidante. Là, je me donne à fond et je me sens vraiment futile à mon pays…
Mais vous êtes incorrigible, le coronavirus vous l’avez importé de l’étranger et précisément d’un déplacement en Hongrie. Au fait, que faisiez-vous dans ce pays pas vraiment ami du Maroc dirigé en plus par des xénophobes assumés ?
Et alors ? Pour moi, tout pays qui existe dans le globe mérite d’être visité. Et c’est ce que j’ai fait sans complexes. C’est toujours le ministre qui voyage mais c’est Amara la personne qui en profite. Où est le mal ?