Une équipe du Canard a été reçue par le Premier secrétaire de l’USFP, Driss Lachgar, dans son bureau orné de ses seuls portraits.
Vous avez décidé à la surprise des militants de briguer un troisième mandat à la tête de l’USFP. Vive le changement ?
Le changement c’est moi. Le sang neuf c’est moi. C’est pour cela que j’ai fait voter le changement des statuts pour que je puisse infliger un troisième mandat sympathique à mes camarades. Et puis, j’ai eu suffisamment de temps pour faire le vide autour de moi. Résultat : L’USFP ne trouvera pas de meilleur patron. Je suis son avenir sombre et incertain, celui qui a tous les moyens pour le conduire vers de nouveaux lendemains qui déchantent.
Mais deux mandats c’est largement suffisant. Il faut passer la main, non?
Passer la main à qui ? Il faut que mon successeur éventuel mérite ma place confortable et ce profil, à part quelques dinosaures fatigués, est inexistant à l’USFP.
Et puis, connaissez-vous un chef marocain et arabe qui abandonne la chefferie de son plein gré ? Dans notre culture, on n’abandonne le pouvoir que si on est viré, renversé ou mort. Pourquoi voulez-vous que je sois l’exception ?
Donc, vous tenez à un troisième mandat envers et contre tous ?
Oui, je compte me porter candidat pour défendre mon poste que bien des rivaux convoitent. Personnellement, je ne vois pas parmi mes rivaux quelqu’un qui soit capable de me déboulonner. Ils ne font pas le poids….
Le poids politique ou physique ?
Arrêtez vos sous-entendus irrévérencieux ! Auriez-vous oublié que vous interviewez un monument du socialisme à la sauce tomate marocaine ? Un peu de respect s’il vous plaît.
Vous semblez certain de votre victoire à l’issue du prochain congrès prévu le 28 janvier…
Bien sûr. Il ne faut pas oublier que l’appareil du parti avec toutes ses organisations parallèles et une bonne partie de ses élus sont de mon côté. En un mot, j’ai tout verrouillé. C’est une compétition démocratique de façade qui s’annonce. Mais l’essentiel c’est de participer à la course perdue d’avance pour la chefferie.
Nombre de personnalités USFP comme Réda Chami vous accusent d’avoir organisé la régression du parti qui a abandonné ses idéaux. Qu’en pensez-vous
M. Réda Chami ferait mieux de se taire en s’occupant de sa planque bien rémunérée qu’il doit à l’USFP qui ne trouve pas grâce à ses yeux. Mes contempteurs qui dénoncent mon désir ardent de troisième mandat manquent d’éducation politique.
Vous avez tout fait pour que l’USFP soit accepté dans le gouvernement Akhannouch mais en vain…
Hélas, Akhannouch pour lequel j’ai beaucoup d’estime nous a expédiés dans l’opposition, refusant de donner suite à mes appels de mendicité politique. Effectivement, j’ai tout tenté pour que l’USFP obtienne quelques strapontins. En vain. Dans ce dossier essentiel pour notre survie partisane, j’ai fait preuve d’un militantisme admirable, démentant les allégations de ceux qui prétendent que le patron que je suis a cessé de militer pour le bien du socialisme marocain.