Une équipe du Canard a été reçue par le ministre de l’Équipement et de l’eau dans le jardin de sa villa où l’eau coule à flots entre les plantes et les arbres…
Les barrages sont presque à sec en raison de l’insuffisance des pluies. Cela vous inquiète-t-il ?
Pas vraiment. Pourquoi devrais-je être inquiet ?
Bien au contraire, je suis un homme comblé après avoir réussi à satisfaire ma soif du pouvoir dont nous avons été éloignés à cause de ce maudit Chabat qui nous a fait goûter les affres du désert d’une opposition sèche et mal irriguée.
Donc tout va bien ?
Parfaitement bien, surtout que les problèmes liés au département de l’eau sont contrebalancés par celui de l’Équipement, un ministère que j’adore plus que tout. Celui-ci a l’avantage inestimable d’être très fluide. Tout en échappant aux aléas climatiques et politiques, sécheresse ou pas, génère beaucoup de flottant. Nous n’avons pas d’eau, mais je tiens la route, ce qui est en cette période de vaches maigres un facteur d’équilibre précieux.
Cela dit, j’ai appris à rester zen, voire de glace devant les pires catastrophes. Cela ne sert à rien d’ajouter le stress politique et personnel au stress hydrique. Un bon ministre est celui qui sait se maîtriser pour ne pas perdre pied.
Mais le Maroc a soif et les agriculteurs surtout les petits sont aux abois et la campagne agricole 2022 s’annonce catastrophique….
Les agriculteurs ne font pas partie de ma sphère de compétences. Au ministre chargé du secteur de se débrouiller avec les victimes de la sécheresse et leurs problèmes en cascade. Moi, je ne suis compétent qu’en matière de la politique de l’eau, des barrages et le marché des études qui doivent arroser mon action selon la fameuse théorie du ruissellement défendue par Emmanuel Macron. Autrement dit, plus ça ruisselle, plus ça fait des lacs, des fleuves, voire des rivières…
Mais avez-vous une recette pour augmenter le taux de remplissage des barrages qui a affiché, selon les chiffres de votre département, le 11 février 2022, un taux de remplissage de 33,5% contre 47,9% à la même date de l’année dernière ?
La situation est trop compliquée car je n’ai pas la formule magique pour faire tomber la pluie. Tout ce que je suis censé faire en tant que ministre de l’eau et que je ne peux pas tenter c’est d’assécher les sources du gaspillage à grande échelle de cette ressource rare qu’est l’eau.
Mais encore ?
Je ne sais pas. Il faut que je lance d’abord une grande étude pour irriguer ma vision sur le sujet…