La BNPJ vient de s’emparer d’une affaire de sang contaminé troublante, révélée récemment par le patron de l’AMDH. Ce dernier a accusé le ministère de la Santé d’avoir étouffé ce scandale qui remonte à 2019. Ambiance…
L’affaire est extrêmement grave car elle concerne un problème de santé publique. Et c’est naturellement que le président de l’AMDH, Aziz Ghali, a été interrogé le vendredi 23 juillet par la BNPJ à Casablanca suite à sa plainte déposée quelques jours plutôt face au silence des autorités compétentes.
Cette audition est en relation avec les révélations qui ont défrayé récemment la chronique au sujet d’un « scandale de sang contaminé au VIH au centre de transfusion sanguine de Casablanca » faites récemment sur la chaîne YouTube animée par Hamid El Mahdaoui. Selon le lanceur d’alerte qui s’appuie sur les éléments d’un rapport, ce sang contaminé aurait même été transfusé par erreur à des citoyens marocains, précisément «à une femme dans une clinique privée, et à un homme au sein du Centre hospitalier universitaire de Casablanca». Cela donne froid dans le dos.
Les faits remontent juillet 2019 et le ministre de la Santé de l’époque aurait été avisé, selon M. Ghali après la réception du rapport sur cette histoire troublante. Mais depuis cette date, rien n’a été fait par les responsables pour tirer cette affaire au clair et arrêter les dégâts. Le dossier a été simplement enterré, selon l’auteur de ces allégations. Un scandale dans le scandale. Mais pourquoi l’AMDH a-t-elle attendu tout ce temps pour mettre l’affaire sur la place publique? Des accidents de ce genre ne doivent en principe souffrir la moindre attente…Énième preuve qu’au Maroc, les urgences n’ont rien d’urgent et peuvent attendre et même être étouffées.
Résultat : A ce jour, l’identité des deux personnes ayant reçu du sang contaminé n’est pas connue. Elles ont dû refiler le sida à leur mari, leurs enfants et peut-être même à d’autres personnes…
Rien d’urgent
Cette bombe fait aussitôt fait réagir le directeur du cabinet du ministre , un certain Hicham Rahil, et non le ministre lui-même comme cela devrait être le cas, compte tenu de la gravité des faits. Or, le cabinard n’a pas contribué à clarifier la situation en raison de ses propos particulièrement agressifs et mâtinés d’ironie tenus à l’égard du patron de l’association des droits humains sur les ondes de radio MFM.
Le démenteur a botté violemment et maladroitement en touche en affirmant qu’il s’agit de « propos extrêmement graves et imprégnés de beaucoup de haine » là où il était censé répondre dans le calme et le respect. « C’est à peine s’il n’a pas accusé le ministre d’avoir fabriqué lui-même ce sang contaminé », tonne-t-il. Son coup de sang lui fait perdre le sens de la mesure et dire des choses invraisemblables. « Avec ces mensonges, il crée de la Fitna et la panique chez les citoyens marocains. Il est aujourd’hui dans l’obligation de nous révéler qui a rédigé ce fameux rapport. On doit savoir si ce sont des Marocains ou des étrangers qui sont derrière», fulmine-t-il. En termes clairs, le très excité chef de cabinet de Khalid Aït Taleb traite le lanceur d’alerte de l’AMDH de menteur tout en insinuant qu’il roule pour on ne sait quelle officine étrangère. Rien que ça ! Tant qu’à vouer aux gémonies ce lanceur d’alerte, pourquoi ne pas appeler à sa pendaison sur la place Piétri ?
Et l’intéressé de blanchir le ministre qu’il défend maladroitement en affirmant qu’ à la date qu’il a évoquée, juillet 2019, [date supposée de la survenue de l’incident), «Khalid Aït Taleb était encore directeur du CHU de Fès, et pas encore ministre de la Santé, puisque sa nomination n’est intervenue qu’en octobre 2019». Et alors ? Est-ce que le fait que sa nomination soit postérieure à ce scandale présumé l’exonère pour autant de toute responsabilité ? A commencer par celle de diligenter une enquête pour en connaître les tenants et aboutissants ? Pour le chef de cabinet, son ministre bien aimé, qu’il doit vénérer comme un saint, n’est pas comptable de cette histoire, qu’elle soit avérée ou non, ni éventuellement de ses conséquences, que l’on imagine, extrêmement graves. Visiblement, il ignore le principe de la continuité de l’administration et du service public.
Ailleurs, de telles révélations touchant la santé de la population auraient secoué le gouvernement et fait réagir toute la classe politique. Pas au Maroc, où les responsables savent en toute circonstance garder leur sang-froid…