Comment Bioui bétonnait ses marchés publics…

Abdenbi Bioui. Une chute spectaculaire.

Bioui Travaux  raflait à tour de bras les contrats publics dans le domaine des BTP dans plusieurs grandes villes du pays. Voirie, tronçons autoroutiers, voies de lignes de Tram à Casablanca, trémies et même des barrages. Des marchés pour la plupart lancés par le ministère de l’Équipement et les autoroutes du Maroc (ADM) avoisinant au total la bagatelle de 7 milliards de DH. Soupçonnant des relations de connivence dans l’attribution de ces marchés, la BNPJ a diligenté une enquête auprès des administrations concernés pour déterminer les circonstances  exactes de leur obtention par Bioui Travaux. L’entreprise, dont le fondateur, Abdenbi Bioui, est en détention préventive depuis le 21 décembre  avec son complice et ami Saïd Naciri pour leur implication présumée dans le trafic de drogue, avait le vent en poupe auprès des prescripteurs de la commande publique. Si bien que  ses concurrents, anciennement établis dans le secteur,  ne faisaient pas le poids  avec leurs offres pourtant bien bétonnées. Si l’opérateur BTP de l’Oriental, une SARL créée en 1999, parvenait à damer le pion à ses rivaux les plus en vue c’est parce qu’il arrivait  à être souvent le moins disant de tous sur les marchés  où il fait une soumission.

Dans les appels d’offres et en économie en général, un prix bas est considéré comme le signe du bon fonctionnement concurrentiel des marchés. « Mais dans le cas de Bioui Travaux, l’écart de prix était trop important pour ne pas être  suspect et alerter les maîtres d’ouvrages », explique sous le couvert d’anonymat un ingénieur du génie civil. « Sur les marchés qu’il convoitait, Bioui Travaux proposait des offres financières inférieures de plus de 10 % au coût de revient de la réalisation du chantier », confirme un concurrent qui dit avoir accusé au départ l’opacité qui mine généralement les marchés publics et le réseau d’accointances politiques dont bénéficie l’entrepreneur en BTP de par son appartenance au PAM et sa chefferie de la région de l’Oriental. Courtisé par les uns, admiré par les autres, Abdenbi Bioui  avait ses entrées dans l’administration du territoire où il était reçu en grand patron et en élu de premier plan… Les concurrents étaient alors loin de penser  que les patrons de Bioui Travaux, Abdenbi Bioui et son frère également sous les verrous, blanchissaient l’argent de la drogue via les transactions publiques. Tout s’explique maintenant. Puisqu’il était à la tête d’une entreprise criminelle sous forme de lessiveuse, Bioui pouvait se permettre de baisser anormalement ses marges ou même  perdre de l’argent. L’arrestation de Abdenbi Bioui  et son frère Abderrahim,  éclaira soudain d’un jour nouveau le véritable  business des deux hommes qui se servaient de leur société comme couverture à leur entreprise pour réinjecter   les fonds illégaux dans le circuit économique légal. Un témoin raconte  avoir croisé Abdenbi Bioui  sur le chantier de la Marina de Saaidia. « Il était au volant  d’une voiture de marque coréenne et portait un costume  pas cher», confia-t-il. A l’époque, Abdenbi était encore un honnête homme qui n’a pas encore cédé aux sirènes de l’argent sale qu’il cachait en cultivant une image de mécène avec sa fondation Basma pour les œuvres caritatives. Depuis l’arrestation de ses deux dirigeants, Bioui Travaux a changé de dénomination  pour devenir SBTX. Visiblement, le nom  Bioui est devenu lourd à porter après la découverte du pot-aux-roses. La came l’a cramé..

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