Changement stratégique dans le groupe de télécoms et de médias français dirigé par Patrick Drahi, Altice. L’homme d’affaires franco-israélien né à Casablanca projette en effet de céder sa participation majoritaire dans Intelcia ( 65% du capital qu’il acquis en 2016 dans l’entreprise fondée par le Marocain Karim Bernoussi). Une décision qui trouve son origine dans le besoin pressant de réduire une dette colossale, estimée à près de 24 milliards d’euros, qui plombe Altice.
Ahmed Zoubaïr
Selon Karim Bernoussi, PDG et cofondateur d’Intelcia, des négociations avec des investisseurs marocains pour reprendre les parts d’Altice de Drahi auraient été engagées dans le cadre d’un tour de table national. Qui sont ces potentiels repreneurs? Il s’agirait de groupes familiaux ayant une présence à l’international, à l’image de Zouhair Bennani, cofondateur de l’enseigne de la grande distribution Label’Vie, qui serait dans les starting blocks. Est-ce seulement pour éponger une partie de sa dette que Drahi a décidé de se désengager d’Intelcia? La transformation en profondeur que connaît le secteur des call centers en raison de l’intrusion de l’intelligence artificielle aurait dû jouer dans la décision de M. Drahi.
Celui-ci chercherait ainsi à anticiper une crise sérieuse pour quitter une activité confrontée aussi à une loi française interdisant le démarchage téléphonique à partir d’août 2026. Tout cela fait que les centres d’appels ne sont plus aussi juteux que lors des années précédentes. Il y a péril sur les bénéfices. Les plus malins quittent le navire quand les autres prennent carrément la fuite. Les grosses pointures comme Teleperformance ou Concentrix ont, quant à eux, assisté à la baisse de leurs titres en baisse.
C’est dans ce contexte de turbulences que Intelcia s’apprête à changer de main. Une grosse menace pèse sur l’avenir du groupe en raison de sa dépendance de l’opérateur télécom français SFR ( 50 % du volume d’affaires d’Intelcia provient de SFR) et de la volonté de M. Drahi de céder une partie du capital qu’il y détient. Ce changement pourrait impacter profondément le business d’Intelcia et ses postes d’emploi notamment dans les plateformes au Maroc et en Afrique. A cet effet,
Intelcia Maroc s’est engagé de créer 4 nouveaux postes d’emploi subventionnés dans le cadre du programme Awrach 2, auquel le gouvernement a réservé une enveloppe de 2,25 milliards de DH, pour favoriser l’employabilité des jeunes. w
