Hadj Fahim accusé de faux et usage de faux

Hadj Fahim, président de Delta Holding.

Le patron de Delta Holding Hadj Fahim et ses enfants Mustapha et Fouad sont au cœur d’une affaire d’escroquerie supposée qui leur a permis de mettre la main sur une société ne leur appartenant pas. Explications.

Il s’agit d’une société civile et immobilière (SCI), domiciliée à  Kenitra,  du nom de Maamora SCI dont le vrai propriétaire est Youssef El Alaoui.  Celui-ci a dénoncé devant la justice  une série d’actes de falsification  qui ont débouché sur un changement de statuts de l’entreprise, et de sa dénomination. Initialement Maamoura Sci , elle devient une SARL du nom Maamoura Pro…
Dans sa déposition de la brigade économique et financière de la Police judicaire de Kénitra, M. El Alaoui livre sa version des faits telle qu’elle a  été consignée dans sa première  plainte déposée en juillet 2023 devant le procureur  général près la Cour d’appel de Kénitra. A savoir qu’il a été dépossédé de ses actions dans la  Maamora SCI ( créée en 1996) qu’il détenait  à parts  égales  avec son associé Mohamed Nounah qui décédera entre-temps sans avoir vendu visiblement ses parts. Le pot-aux-roses, il  ne tardera pas à le découvrir. Mais il n’est pas au bout de ses surprises.    
Par cette fraude supposée, les patrons de Delta Holding deviennent  les propriétaires uniques de la société en question sur la base d’un acte de vente en sous-seing privé commun aux deux associés et dont l’authenticité est contestée par M. Alaoui. Une démarche pour le moins troublante qui a permis à Delta Holding,  groupe familial qui opère dans le secteur de l’infrastructure, la métallurgie, l’environnement, la parachimie et enfin les services et l’immobilier, de s’approprier les actifs et les ressources de Maamoura Sci, notamment un bâtiment  situé à Kenitra.  Est-ce ce patrimoine  précisément  qui a suscité les convoitises des Fahim au point de les pousser au tripatouillage ? Certains détails laissent tout de même  songeur.  D’abord, celui-là : la date de cession des parts des deux associés aux nouveaux acheteurs figurant en bas de de la  supposée « décision collective des associés » : le 27 janvier 1999. Mais ce n’est que  le 28 mai 2018 que les dirigeants de Delta Holding procèdent, comme le montre le procès-verbal de l’assemblée générale extraordinaire des associés,  à la modification  du nom de la société et de son régime  juridique. Pourquoi avoir attendu tout ce temps, 20 ans environ, pour faire ces changements et  amender les statuts d’une société créée
12 janvier 1996 et supposée avoir été cédée  trois ans plus tard ?  Autre détail troublant, le prix de cession consigné dans le contrat de vente.  Il est identique au montant du capital : 100.000 DH ! Du coup, on a du mal  à percevoir l’intérêt des associés à vendre leurs parts si c’est  juste pour récupérer leur mise de départ…Et puis,  quid  du  patrimoine détenu par la société sous forme de bâtiment ? Il ne vaut que ce prix sachant que l’entreprise ne vaut que par cette propriété ? Ce faisceau d’éléments peu clairs a de quoi intriguer.

Manipulations

Sommes-nous face à une affaire de faux et usage de faux qui  sont des infractions  passibles de prison, comme le soupçonne  la défense du plaignant ?
Celui-ci  a affirmé devant les enquêteurs n’avoir jamais vendu ses parts ni  avoir été informé  par son partenaire de son vivant de  la  cession des siennes. « Toute cession des parts de l’un ou de l’autre associé  à une tierce personne doit en vertu de l’article 8 des statuts de la société doit faire l’objet d’un acte notarié ou seing privé après approbation des  deux associés », explique celui qui s’estime victime d’une action frauduleuse consistant à lui faire signer  l’acte de cession de ses parts où figure juste le spécimen de dépôt de sa signature avec son numéro  auprès de l’annexe administrative de l’arrondissement d’Agdal à Rabat. Aucune trace de  la signature de Youssef Alaoui  après consultation par la police des archives des registres de signatures concernant la période de cette soi-disant cession  intervenue le 6 janvier 1999. Ce qui laisse croire que les Fahim ont bénéficié de complicités au sein du service de légalisation des signature…
Selon les investigations préliminaires, la tromperie aurait débuté par une série de manipulations dans les documents légaux de Maamoura Sci. Les principaux documents, tels que les statuts de l’entreprise, ont été vraisemblablement manipulés  de manière à justifier un changement de statuts de sci à société professionnelle (Pro). Ce stratagème  aurait été effectué à l’insu de Youssef El Alaoui.
Le passage de Maamoura Sci à Maamoura Pro a porté un énorme préjudice économique à son vrai propriétaire, selon une source proche du dossier.
« Outre la perte de contrôle sur sa société, Maamoura Pro est confrontée à des défis financiers majeurs, notamment des changements dans la gestion, la structure organisationnelle et les relations avec les partenaires commerciaux », indique notre interlocuteur qui ajoute que ce scandale agite la communauté des affaires de la région.  
Le dossier  est actuellement entre les mains du juge d’instruction de la Cour d’Appel de Rabat.  Mandaté pour défendre les intérêts de Youssef El Alaoui, Moulay Hicham Maliki, avocat réputé au barreau de Rabat, a porté plainte contre les Fahim, père et fils, ainsi que contre le patron de la conservation foncière de Kénitra. Après avoir rappelé la gravité des faits reprochés aux accusés, l’avocat réclame au nom de son client  des dommages et intérêts d’un montant de 25 millions de DH au titre des préjudices occasionnés par sa dépossession de sa société et de son actif foncier.
Affaire à suivre.

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