Elle a arbitré les plus grands matchs, hissé haut le sifflet marocain sur la scène internationale… mais c’est finalement hors du terrain que Bouchra Karboubi a reçu son plus vilain tacle. Écartée sans explication de la CAN 2025, la star de l’arbitrage claque la porte, dénonçant les coups bas d’une Direction technique plus experte en petites manœuvres qu’en jeu fair play.
Laila Lamrani
Dans un dernier coup de sifflet tout en élégance, l’arbitre internationale marocaine Bouchra Karboubi range son carton rouge… et raccroche les crampons ou plutôt le sifflet . Dans une lettre pleine de solennité – et un soupçon de lyrisme – adressée au président de la Fédération royale marocaine de football (FRMF) Fouzi Lekjaa, elle annonce sa retraite.
Gratitude au souverain dont elle a salué « la sagesse et la clairvoyance » et remerciements pour M. Lekjaa pour son appui depuis ses débuts qui ne s’est jamais démenti.
Fière d’avoir porté haut les couleurs du Royaume sur les pelouses du monde entier, Karboubi signe une sortie de scène à la hauteur de sa carrière : digne, engagée et pleine de reconnaissance. Le monde de l’arbitrage perd une pionnière, mais le foot national gagne une icône
Bouchra Karboubi n’est pas simplement partie sur un au revoir poli. Dans la seconde mi-temps de sa lettre, l’arbitre internationale lève un coin de voile sur les coulisses moins reluisantes du monde arbitral national. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que le jeu n’a pas été très fair-play.
Elle accuse nommément la Direction technique nationale de l’arbitrage d’avoir saboté sa carrière par des pratiques internes peu glorieuses, parlant d’entraves, de projet anéanti et de réalisations gâchées. Un carton rouge symbolique, brandi à ceux qui, de l’intérieur, auraient tordu les règles du jeu.
Le timing, lui, ne doit rien au hasard : sa décision tombe quelques heures après l’annonce officielle de la liste des arbitres retenus pour la CAN 2025 qui se déroule au Maroc où son nom ne figure pas ! La pilule est amère, surtout après 25 ans de service sifflé au cordeau.
Pour l’instant, silence radio du côté des instances mises en cause Mais dans les tribunes, le public n’est pas dupe : quand une pionnière claque la porte ainsi, c’est qu’il y a plus d’une faute dans le camp arbitral.
À 38 ans, Bouchra Karboubi n’est pas une arbitre quelconque : elle compte parmi les rares femmes à avoir imposé sa loi sur les pelouses masculines comme féminines, au Maroc comme à l’international. De la Botola à la Coupe du Monde féminine, elle a tenu le sifflet là où peu s’y risquent, devenant une figure respectée du corps arbitral africain.
La démissionnaire sortait d’une prestation remarquée lors du match d’ouverture de la première Coupe des Champions Féminine entre Jiangda WFC et Auckland United. Et pourtant, malgré un palmarès doré et une ambition intacte, celle d’arbitrer la Coupe du Monde United-2026 ou encore le Mondial féminin de 2027 au Brésil , Karboubi raccroche.
Pas par fatigue, mais par dégoût. Victime, selon elle, de manœuvres internes qui ont freiné sa progression, elle jette l’éponge avec l’amertume de celle qui avait encore tant à offrir. La Fédération perd une étoile… et le silence de la Direction technique, lui, fait un bruit assourdissant. La VAR maison fonctionne à géométrie variable…
