Après le drame survenu dans le tramway de Rabat, où une femme a accouché dans des conditions tragiques avant de perdre son bébé, nous avons imaginé une entrevue satirique avec le ministre de la Santé et de la protection sociale. Un échange fictif, mais tristement inspiré de la réalité.
Propos recueillis par Laila Lamrani
Monsieur le ministre, une femme enceinte a été refusée au centre hospitalier de Salé. Elle a dû accoucher dans le tram lors. Le bébé n’a pas survécu. Votre réaction ?
Je dirais que c’est la preuve que la mobilité urbaine progresse plus vite que l’hôpital public. C’est aussi un hommage involontaire à la polyvalence du service public : après les naissances dans les taxis, voici le tram obstétrical. Un bel exemple d’intégration multisectorielle.
Mais un bébé est mort à cause de cette négligence coupable…
C’est une tragédie, certes. Mais il faut saluer la résilience de notre système : tout de même, le tram était à l’heure. Ce n’est pas rien.
Le personnel a évoqué la fin de service de la gynécologue comme justification. Est-ce acceptable ?
Bien sûr ! Nous respectons le droit au repos. Une maternité, ce n’est pas une salle de spectacle. Si la star a terminé sa représentation, il faut revenir au prochain créneau. C’est une question de discipline.
Que dites-vous à ceux qui accusent votre ministère d’impuissance chronique ?
C’est injuste. Nous avons lancé des plans, des stratégies, des consultations, et même un compte Instagram. Vous croyez que c’est facile de poster des infographies pendant les heures de bureau ?
Et la responsabilité morale ?
Nous avons pensé organiser une minute de silence, mais comme tout le monde parle en même temps en s’indignant, elle est passée inaperçue.
On dénonce sans cesse un système de santé à bout de souffle, des maternités sinistrées, des soignants en sous-effectif un dialogue social en panne…
Nous avons un cap : faire mieux avec moins. Moins de lits, moins de personnel, moins d’attentes… pardon, plus d’attente. Un simple bug de communication.
Et pour les citoyens ?
Qu’ils gardent foi. Chaque tragédie est une chance de relancer une réforme mort-né dont on parlera beaucoup… jusqu’à la prochaine…
