Gaza : L’illusion du calme dans un champ de ruines et de détresse

Laila Lamrani

Devant le Conseil de sécurité, l’émissaire onusien Ramiz Alakbarov a dressé un constat implacable : malgré la trêve entre Israël et le Hamas, Gaza reste au bord du gouffre. Crise humanitaire, infrastructures à genoux, avenir politique incertain… L’ONU tire la sonnette d’alarme et appelle à transformer l’accalmie fragile en véritable solution de paix durable.

Devant le Conseil de sécurité de l’ONU, le diplomate onusien Ramiz Alakbarov a dressé lundi 24 novembre un tableau sombre de la situation dans la bande de Gaza, une enclave épuisée par des années d’une guerre génocidaire livrée par les sionistes, où la trêve conclue début octobre peine à tenir face aux tensions persistantes. S’exprimant depuis Al Qods par visioconférence, le haut responsable a salué une lueur d’espoir, tout en rappelant que le moindre faux pas pourrait replonger la région dans le chaos. Le cessez-le-feu du 10 octobre a permis de mettre fin à deux années de bombardements sauvages de la population et des infrastructures. Pourtant, la violence couve : frappes israéliennes dans des zones peuplées, attaques isolées des groupes de résistance … « Cette violence met en péril la fragile trêve », a alerté Alakbarov. Le diplomate a salué la résolution américaine du 17 octobre, validant le plan Trump et prévoyant une force internationale de stabilisation. Mais le calme apparent ne masque ni les ruines, ni la détresse. Sur le terrain, la crise humanitaire reste dramatique.

Quelque 1,7 million de personnes  – soit 80 % de la population – vivent encore dans des abris de fortune. L’électricité manque dans les hôpitaux, les réseaux d’eau sont à l’agonie, et le bassin de Sheikh Radwan menace de devenir un foyer épidémique à ciel ouvert. Malgré une hausse du volume d’aide autorisée par le colonisateur sioniste, des dizaines de milliers de tonnes de marchandises restent bloquées. « Le temps presse », a martelé Alakbarov, appelant l’occupant à accélérer les procédures et à faciliter le travail humanitaire.

Mais au-delà de l’urgence, c’est toute une génération qu’il faut empêcher de sombrer. La reconstruction, estimée à 53 milliards de dollars, ne peut démarrer sans perspective politique. « Il ne suffit pas de répondre aux besoins immédiats. Il faut restaurer dignité et espoir», a insisté le diplomate. Une solution durable passe par la fin de l’occupation et la relance d’un processus vers deux États.

La Cisjordanie, elle, vit sous une tension croissante. Colonisation, violence des colons, incursions militaires : la situation y est tout aussi explosive. L’ONU signale en moyenne huit attaques quotidiennes contre les Palestiniens durant la saison des récoltes. Un climat délétère, aggravé par les discours politiques incendiaires qui alimentent la radicalisation. Ramiz Alakbarov a lancé une mise en garde claire : « Le coût de l’échec est inimaginable ». Il a réaffirmé l’engagement de l’ONU à soutenir toutes les initiatives menant à une solution à deux États, sur les bases de 1967, avec  un partage de Jérusalem. Un cap ancien, souvent répété, rarement atteint  mais représente  l’unique alternative au supplice sans fin du peuple palestinien.

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