À l’OFPPT, la formation déraille… mais en silence. L’établissement public, censé être le fer de lance de la montée en compétences des jeunes, sombre dans une crise de gouvernance. Résultat : les équipes décrochent, les projets s’enlisent et la démobilisation interne mine la performance de l’institution. Pendant ce temps, le ministère de tutelle regarde ailleurs, incapable – ou peu pressé – de reprendre la main sur une machine qui commence à perdre ses boulons.
Laila Lamrani
Depuis le retour de la directrice générale Loubna Tricha de sa tournée glorieuse dans les provinces du Sud — où les inaugurations de projets ont fleuri comme des primevères au printemps — l’ambiance est nettement moins chaleureuse au siège central de l’OFPPT à Casablanca.
En coulisses, c’est plutôt la valse des postes… sans la musique. Des collaborateurs clés ont été remerciés (façon RH), d’autres réaffectés, parfois sans crier gare. Résultat : les cadres défilent dans les couloirs, non pas pour impulser des projets structurants, mais pour tenter de décrypter les dernières secousses internes, à défaut d’avoir un GPS pour mutations administratives.
Le climat organisationnel, autrefois relativement stable, s’est tendu comme un fil à linge en pleine tempête. Le pilotage stratégique semble s’orienter davantage vers une gestion en réaction qu’en anticipation, et certaines nominations à des postes sensibles laissent dubitatifs, surtout lorsqu’elles concernent des profils encore en rodage.
À cela s’ajoute un dialogue social devenu… disons, un peu moins mélodieux. Depuis l’émergence du dossier sensible lié à la gestion financière d’une association pilotée conjointement par la DRH et des représentants syndicaux ( lire encadré), les langues se délient et les sourcils se haussent.
Le malaise gagne du terrain, affectant l’équilibre personnel et familial d’un personnel déjà fortement mobilisé pour faire avancer la feuille de route nationale e la formation professionnelle. Nombreux sont ceux qui ont donné sans compter – soirées, week-ends et nerfs compris – dans l’espoir de servir un projet ambitieux. Aujourd’hui, ils réclament à juste titre un minimum de visibilité, un souffle de stabilité, et surtout, un management plus prévisible que l’algorithme d’une mutation surprise.
En résumé : la tension monte, la visibilité baisse et la DRH ressemble de plus en plus à une loterie où les gagnants (ou perdants) sont appelés sans préavis. En espérant que l’OFPPT retrouve rapidement un cap clair, car si la formation est une priorité nationale, encore faut-il que ceux qui la dirigent, tutelle comprise, avancent dans la même direction.
Association des oeuvres… disparues
Il fut un temps – pas si lointain – où le personnel de l’Office de la formation professionnelle et de la promotion du travail ( OFPPT) bénéficiait de prestations sociales claires, encadrées et prévisibles servies par la Direction de l’action sociale ( DAS) : bourses de scolarité pour leurs enfants, primes de retraite, soutien pour le Hajj ou encore subventions à l’occasion de l’Aïd Al Adha. Aujourd’hui, ces avantages semblent relever de la mythologie administrative. Depuis que la gestion des œuvres sociales a été transférée à une association contrôlée par le syndicat majoritaire, l’UMT pour ne pas le citer, les agents de l’office dénoncent un système devenu hermétique, désorganisé et terriblement inefficace. Derrière ce glissement institutionnel se cache une réalité bien moins reluisante : les bénéficiaires n’ont plus rien… si ce n’est des factures plus salées, une opacité comptable, et une perte sèche de confiance. Les responsables syndicaux, censés défendre les intérêts des travailleurs, sont désormais perçus comme les premiers fossoyeurs de leurs acquis. L’ association, créée pour améliorer la qualité des prestations sociales, semble plutôt s’être spécialisée dans l’enterrement des attentes.
Des députés commencent à s’en émouvoir, et une question écrite vient même d’être adressée au ministre de tutelle, le PAM Younes Sekkouri. Mais combien de temps encore faudra-t-il avant que ce scandale qui couve ne devienne une affaire nationale ?








