Billetterie de la CAN : La CAF rate la passe, le marché noir marque des buts…

Un spectacle qui ne doit pas avoir sa place dans la CAN…

Entre une billetterie en ligne défaillante et un marché noir florissant aux prix exorbitants, c’est une autre réalité qui s’est imposée : celle des tribunes souvent vides et des frustrations grandissantes…

Alors que le Maroc accueille la Coupe d’Afrique des Nations 2025 dans une ambiance festive, une zone d’ombre persiste autour d’un volet clé de tout grand événement sportif : la vente de loges VIP. Si le système de billetterie en ligne mis en place par la CAF via l’application Yalla a facilité l’accès aux tickets pour le grand public (non sans quelques bugs à ses débuts), il a totalement négligé une communauté  pourtant stratégique : les entreprises.

Au Maroc comme à l’étranger, de nombreux groupes souhaitaient organiser des packages VIP ( billets  et séjour) pour leurs clients ou partenaires, notamment africains. Mais ils se sont heurtés à un mur :  ni procédure claire, ni interlocuteur désigné, ni offre dédiée. Résultat : des occasions ratées et des budgets marketing inutilisés. À l’image de ce dirigeant d’une grande banque de la place ,qui disposait d’un budget de  40 millions de dirhams pour accueillir ses partenaires africains. Faute d’une offre accessible et raisonnable, son opération de prestige n’a pas abouti.  

Ce n’est que quelques jours avant le coup d’envoi de la compétition qu’a été lancée la commercialisation des loges… à des tarifs proprement dissuasifs :  1 million de dirhams pour une loge de 10 personnes sur 7 matchs . De quoi refroidir les plus motivés.

En concentrant son effort exclusivement sur les particuliers, la CAF semble avoir négligé l’un des leviers les plus puissants d’une compétition internationale :  la valorisation du réseau B2B, des sponsors et du soft power économique . Une CAN réussie sur le terrain, mais encore perfectible côté tribunes premium.

Officiellement, les billets  sont accessibles, avec des prix débutant à 100 dirhams pour la catégorie 3. Mais dans les faits, ces places sont invisibles sur la plateforme de vente Yalla, sauf à se tourner vers le  marché noir, où les tarifs atteignent des sommets. Et pour ceux qui souhaitent assister en famille à un match à Tanger par exemple dans  un minimum de confort ? Il faut être prêt à se délester d’au moins 5000 dirhams par personne… juste pour un billet en tribune latérale ! Ajoutez à cela le transport (TGV), l’hébergement, les repas, ce qui reste un luxe inaccessible y compris pour la classe moyenne.

Peut-être aurait-il fallu à la CAF de ne pas tout miser sur la vente en ligne. Une diversification des canaux, avec des points de vente physiques mis en place au Maroc en collaboration avec un comité local, aurait permis de mieux répondre à la demande, en particulier celle du public local moins familier avec les plateformes numériques.

Plus qu’un événement sportif, la CAN est d’abord une fête populaire portée essentiellement par l’énergie des supporters locaux. Ceux qui font mettent une ambiance de folie dans les gradins, pas les VIP sous clim ni les influenceurs sponsorisés.

Ces négligences ont  donné lieu à un spectacle embarrassant : des tribunes clairsemées lors de certains matchs de poule. Mais ce n’est pas avec quelques groupes de supporters excités ou des caméras qui cadrent très serré  que l’on peut masquer le vide.


Pour pallier le syndrome des tribunes vides, les organisateurs ont sorti la carte de la générosité. Lundi 22 décembre, alors que le match Égypte-Zimbabwe débutait dans un Grand Stade d’Agadir quasi désert, une décision inattendue est tombée : ouverture gratuite des portes. Résultat immédiat : plus de 30 000 spectateurs ont afflué en cours de match, remplissant les gradins et réveillant l’ambiance.

Un joli coup de théâtre qui a redonné des couleurs à la soirée… mais qui soulève aussi une question de fond : la CAN 2025 aurait-elle besoin du coup de pouce des autorités  pour remplir ses stades ?

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