La France perd le fil

Tout a été dit sur ce que cache  l’interdiction par l’État français de l’abaya dans les écoles à l’occasion de la rentrée des classes  2023-2024 qui vire a une rentrée des clashes. Le gouvernement ayant jugé que l’abaya contrevient  à la loi de 2004 interdisant le port de signes religieux ostensibles- comme le voile déjà interdit – dans les écoles publiques françaises. Si cette mesure très controversée  a été instrumentalisée selon les observateurs avisés  par la macronie pour masquer les turpitudes du système éducatif local  (manque d’enseignants,  surcharge des classes, baisse du niveau, etc…), elle révèle de nouveau  ce que l’on sait déjà: l’islamophobie. C’est le plus grand mal  français qui  fait prendre aux politiques depuis des décennies  une kyrielle de décisions au nom d’une laïcité qui se permet de bafouer la liberté des autres communautés  et la diversité qui en découle. Une intolérance spécifiquement française qui a tourné au comique avec cette histoire de  robe longue et ample d’origine orientale. Tenue féminine  à la mode revisitée  par les grands noms de la haute couture, elle n’a rien d’un habit islamiste et peut facilement être confondu avec un kimono ou une robe de même dimension. Le Conseil français du culte musulman (CFCM) a estimé en juin dernier  que l’abaya « n’(était) pas » un signe religieux musulman. « C’est une forme de mode », a expliqué dimanche Abdallah Zekri, vice-président de cette institution.

Le vivre-ensemble,  déjà rudement mis en danger  par  plusieurs épreuves , ne tient plus qu’à  un fil… Et puis, comment les responsables des écoles , transformés par Macron et compagnie en police des fringues, peuvent-ils faire  le distinguo entre les trois vêtements  ?  Aussi facile que d’enfiler des babouches, ils n’ont qu’ à tenter  de deviner derrière la matière textile  la religion de l’intéressée comme l’a expliqué sans rire une analyste politique  très douée sur  le plateau d’une chaîne d’info locale ! Chapeau bas ! Pas du même avis, une autre experte en abayologie  a cassé le bonnet en décrétant  que « c’est le refus de l’élève  de changer de tenue qui « caractérise l’intention religieuse ». Belle déduction aussi fine que la mousseline. Si l’habit ne fait pas le moine, l’abaya fait le jeu de l’extrême-droite et accentue encore un peu les divisions de la société français et la classe politique. Plus abracadabrant , tu meurs. La France qui entre banlieues qui brûlent et sa perte de ses bastions africains  ne sait déjà plus où elle habite vient de montrer qu’elle  ne sait pas non plus comment s’habiller. Une élève  maghrébine a lancé à ses copines : Ils veulent qu’on s’habille comme des garces ?

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