Plus désarmant encore, le pays de Chengriha compte renouveler son armement à coups de milliards de pétrodollars en recourant au même fournisseur dézingué par l’armée de Zelensky…
Devinez qui a débarqué le 10 novembre dernier à Alger où il a été reçu par le Général d’Armée Saïd Chengriha, chef d’Etat-major de l’armée nationale populaire ? Le directeur du Service fédéral de la Coopération militaire et technique de la Fédération de Russie, Chougaev Dimitri Evguenievitch, voyons! « Cette rencontre a permis aux deux parties de passer en revue l’état de la coopération militaire bilatérale et les voies de sa diversification aux domaines d’intérêt commun », a indiqué un communiqué algérien. Selon les médias inféodés au pouvoir, cette visite s’inscrit dans le cadre des manœuvres militaires communes prévues du 16 au 28 novembre dans la région de Béchar. Officiellement, ces exercices militaires, annoncées l’année dernière, qui se déploient non loin de la frontière avec le Maroc, visent à lutter contre le terrorisme.
Or, le profil de l’invité du vrai patron de l’Algérie, un responsable en civil et non en uniforme militaire, suggère que l’objectif de son déplacement algérois est plutôt en relation avec le business de l’armement. En effet, ce diplômé en journalisme, formé dans les écoles d’élite de la diplomatie russe, travaille actuellement pour la société d’État d’exportation militaire Rosoboronexport. Selon certaines sources crédibles, le voyage de l’émissaire de Poutine à Alger est destiné à mettre la dernière main à la prochaine visite en Russie du président algérien Abdelmadjid Tebboune. Une visite dont le principal enjeu est la signature d’un contrat d’armement de quelque 11 milliards de dollars. Cette transaction juteuse est une bouffée d’oxygène bienvenue pour la Russie, étouffée par une batterie de sanctions occidentales imposées après l’invasion de l’Ukraine. Le 15 septembre 2022, le sénateur américain Marco Rubio – suivi deux semaines plus tard par 27 députés emmenés par la démocrate Lisa McClain – a plaidé pour des sanctions à l’encontre du régime algérien en raison de la poursuite de son commerce militaire avec la Russie de Poutine. Ce qui est passible de sanctions, en vertu de la loi CAATSA, adoptée en août 2017 par l’administration de Donald Trump.
Tout à son obsession marocaine, l’Algérie cherche à tout prix à moderniser son armée qui croule sous des équipements délabrés et obsolètes. A en croire le général Saïd Chengriha, l’Algérie, qui a approuvé en octobre dernier l’augmentation de son budget militaire de 130 % pour atteindre les 23 milliards de dollars d’ici l’an prochain, veut devenir le premier acheteur international de chasseurs furtifs russes, le Soukhoï Su-75 Checkmate, de cinquième génération.
Mauvaise qualité
L’Algérie est le premier importateur d’armes russes au monde, avant la Chine et l’Inde. Mais le projet des emplettes militaires de l’Algérie de Chengriha auprès de son allié russe interroge profondément (l’esprit du Canard) sur l’impact de la débâcle militaire russe en Ukraine sur une armée algérienne équipée essentiellement en matériel russe ? Dans sa déroute en Ukraine avec son lot de retraits successifs des villes conquises, les combattants russes ont donné le spectacle troublant d’une armée fonctionnant avec des équipements anciens et de mauvaise qualité. Ce qui sur le plan technologique nourrit de plus en plus le doute sur la capacité de la Russie à réaliser ses ambitions en Ukraine. Ces séquences dévastatrices pour l’image et la réputation de la deuxième armée du monde ont par ricochet un effet sur le dispositif militaire made in Russia du pays de Tebboune. Celui-ci, qui n’arrête pas de battre les tambours de la guerre, a-t-il réellement les moyens de ses ambitions militaires?
Quid justement du matériel militaire déjà livré par la Russie à l’Algérie ? Le fournisseur militairement défait en Ukraine a-t-il objectivement les moyens d’honorer vis-à-vis de son client ses contrats d’entretien et de livraison des pièces de rechange ?
Plus désarmant encore, l’Algérie, dont la course à l’armement (russe) ne sert qu’à faire tourner l’industrie de l’armement russe, compte renouveler son armement en recourant au même pourvoyeur dézingué par l’armée de Zelensky. Il paraît que la Russie possède encore en stock des lots d’une quincaillerie militaire des années 50-60 qu’elle compte fourguer au prix fort à son meilleur client du Maghreb. Les emplettes des joujoux de guerre étant la source par excellence des commissions et des rétro-commissions, Poutine va s’offrir grâce à l’argent du peuple algérien un nouveau contrat très blindé. C’est de bonne guerre…