Disponible en abondance il y a encore quelques mois, le lait frais est devenu un produit rare en raison de la baisse de la production causée par une conjonction de facteurs…
Le Maroc est confronté depuis plus d’un mois à une pénurie de lait qui commence à être visible. Dans les épiceries ou les enseignes de grande distribution, les rayons sont beaucoup moins achalandés que d’habitude. C’est le lait frais qui se fait de plus en rare contrairement aux packs de lait UHT qui, eux, sont disponibles en quantité. Le temps de l’abondance est-il terminé ? En cause, une baisse assez significative de la production du lait dans les bassins laitiers.
Résultat: les niveaux de collecte de ce produit stratégique par les coopératives au profit de l’industrie laitière nationale a baissé de manière drastique. Cette raréfaction trouve son origine dans la conjugaison de plusieurs facteurs. D’une part, la sécheresse frappant depuis quelques années le pays avec ses mauvaises récoltes, des fortes chaleurs, et le stress hydrique qui a agi sur le couvert végétal servant à nourrir le bétail laitier. Et puis, il y a la crise pandémique aggravée par la guerre en Ukraine qui ont exercé une pression forte sur les prix des intrants. Résultat : En l’absence du fourrage, les éleveurs, par exemple de la région des Doukkala ou de Rabat-Zaërs, n’ont pas les moyens de nourrir leur cheptel avec des aliments composés dont les prix ont connu une envolée spectaculaire. Cette situation inflationniste généralisée se répercute sur l’ensemble de la chaîne y compris la filière de transformation (Centrale-Danone, Jaouda et les autres opérateurs du marché) dont la rentabilité a par conséquent baissé même s’ils ont augmenté les prix de leurs produits. Difficile dans ces conditions aussi contraignantes de continuer à maintenir le rythme de la production laitière de la période des vaches grasses. Du coup, les éleveurs sont nombreux à se débarrasser de leurs vaches laitières qu’ils envoient à l’abattage. Cette solution radicale, qui agit à la baisse sur le nombre des bovins à l’échelle nationale, leur permet de ne pas avoir à supporter des surcoûts et de réduire leurs charges. « Si la baisse de la production s’aggrave, les produits laitiers dérivés risquent à leur tour de connaître une pénurie », croit savoir un expert de la filière. Les yaourts deviendront-ils un produit de luxe? Oh la vache !