Fruit d’une vision royale ambitieuse, le programme «Génération Green» a pris le relais du Plan Maroc Vert pour faire émerger une classe moyenne dans le monde rural.
La mise en œuvre du «Plan Maroc Vert» (PMV) en 2008, sous la houlette de Aziz Akhannouch, a jeté les jalons du développement du secteur agricole dans ses différentes composantes. Ces filières, mises sur les bons rails au prix d’efforts publics soutenus, se sont professionnalisées en captant des investissements assez conséquents. C’est naturellement qu’une nouvelle stratégie a été pensée dans le cadre de la continuité du Plan Maroc Vert (PMV) qui a atteint ses promesses : «Génération Verte 2020-2030» ou «Green Generation 2020-2030», qui incarne une nouvelle vision royale, lancée le 13 février 2020 par le souverain dans la province de Chtouka Aït Baha.
Le PMV était basé principalement sur le développement des filières de production, la mécanisation du secteur agricole et l’organisation des professionnels. Il est également axé sur l’augmentation des taux de couverture des besoins alimentaires, l’augmentation de la production agricole brute, le soutien des exportations agricoles, ainsi que l’augmentation du volume des investissements. Le nouveau plan « Génération verte » est, lui, plutôt orienté vers la réhabilitation de l’agriculteur et l’amélioration de son statut social et économique.
«Génération Green 2020-2030» est fondée sur deux piliers essentiels. Le premier, selon ses concepteurs, est la valorisation de l’élément humain. Une opération qui passe par l’émergence d’une nouvelle génération de classe moyenne agricole (350.000 à 400.000 ménages), et la naissance d’une nouvelle génération de jeunes entrepreneurs, via la mobilisation et la valorisation d’un million d’hectares de terres collectives et la création de 350.000 postes d’emploi au profit de la jeunesse rurale.
Le second fondement de cette nouvelle stratégie a trait à la poursuite de la dynamique de développement du secteur, en favorisant le développement humain et social. Pour cela, la nouvelle vision prévoit la consolidation des filières agricoles, en vue du doublement des exportations (50 à 60 milliards de DH) et du PIB-agricole (200 à 250 milliards de DH) à l’horizon 2030, l’amélioration des circuits de distribution et de commercialisation des produits agricoles à travers la modernisation de 12 marchés de gros et des marchés traditionnels. Pour atteindre les objectifs escomptés, il faudra opérer une augmentation annuelle du budget du secteur agricole de près de 2,5 % et ce depuis 2020. En somme, «Génération Green 2020-2030» vise à développer une nouvelle génération d’organisations agricoles et une nouvelle génération de mécanismes d’accompagnement.
Le financement déjà acté et activé par le gouvernement et intégré aux fonds européens a été dirigé vers différents acteurs de l’industrie agricole et alimentaire, des coopératives aux petites et moyennes entreprises en passant par les grandes entreprises.
La stratégie «Green Generation», bénéficie en effet de moyens logistiques et financiers conséquents mobilisés par l’État mais aussi de l’appui de l’Union européenne (UE) qui lui a alloué une enveloppe de 200 millions d’euros (y compris le PMV). Selon Tariq Sijilmassi, alors président du Groupe Crédit Agricole du Maroc (GCAM), le soutien de l’UE est un premier pas vers la création d’un partenariat solide et durable entre le GCAM et la Banque européenne d’investissement, au profit du monde rural et agricole. Objectif principal : augmenter le taux d’emploi de la population et le soutien du pouvoir d’achat des familles ainsi que l’augmentation des exportations et du PIB agricole.
Les artisans de «Green Generation 2020-2030» tablent effectivement sur la création d’environ 350 000 emplois dans l’agriculture, la pêche et autres domaines connexes, principalement au profit des jeunes, ainsi que sur la hausse du volume les exportations agricoles à 6,4 milliards de dollars et le produit intérieur brut (PIB) agricole à 26,5 milliards de dollars d’ici 2030. Le secteur agricole contribue à 19 % du produit intérieur brut du Maroc, dont 15% proviennent de l’agriculture et 4 % de l’industrie.
Croissance
Selon les données fournies par le ministère de l’Agriculture, de la Pêche, du Développement rural, des Eaux et Forêts, une augmentation de 8% des exportations de produits agroalimentaires avait déjà été enregistrée en 2019, par rapport à l’année précédente. Une nouvelle augmentation était attendue pour la saison 2020-21, qui pourrait atteindre jusqu’à 10%. A cet égard, selon le ministère de l’Agriculture, les exportations du secteur des produits alimentaires agricoles ont enregistré de bonnes performances durant la saison 2021-2022, malgré un contexte international difficile. Le ministère indique que la valeur des exportations des produits alimentaires agricoles a atteint 68,4 milliards de DH en 2021, en croissance de 9% par rapport à 2020. Dans le détail, pour la campagne 2021-2022 (du 1er septembre 2021 à fin février 2022), les exportations des produits maraîchers ont enregistré un volume de 773.000 tonnes, en augmentation de 18% par rapport à la même période de la campagne 2020-2021.
S’agissant des agrumes, les exportations ont augmenté de 37% à fin février, pour passer d’un volume de l’ordre de 412.000 tonnes durant la campagne 2020-2021 à 566.000 tonnes durant la campagne 2021-2022.
En ce qui est de la filière sucrière, « Les exportations des produits agricoles transformés (hors sucre et ses préparations) ont atteint un volume de 525.000 tonnes en 2021, soit une croissance de 14% par rapport à 2020. En termes de valeur, les exportations de ce secteur ont atteint environ 11,9 milliards de DH en 2021 contre environ 9,9 milliards de DH en 2020, soit une hausse de 20%», souligne la même source, ajoutant que cette tendance à la hausse est maintenue durant le début de 2022, avec un taux de croissance à fin février dernier, de 11% en volume et 43% en valeur par rapport à la même période de 2021.
Un dispositif de soutien inédit en faveur des entrepreneurs ruraux et citadins
Dar Al Moustatmir Al Qaraoui est le dispositif de financement et d’accompagnement agricole mis à la disposition des jeunes entrepreneurs en milieu rural et urbain. Conçu et lancé par le Groupe Crédit Agricole du Maroc (GCAM), lundi 6 décembre 2021 à Rabat, il vise à aider la population-cible à concrétiser ses projets sur le terrain en bénéficiant d’un financement adapté et d’une expertise réelle. En somme, tout ce dont a besoin un jeune porteur de projet depuis le montage jusqu’au lancement de son investissement pour maximiser les chances de sa réussite. Ce dispositif complet d’accompagnement englobe aussi bien le volet financier que l’aspect non financier lié à l’expertise et à la formation. Conçus sous forme de Packs portant l’appellation «CAM-Génération Green », ils sont déclinés selon chaque cible visée par la nouvelle stratégie agricole.
2 premiers packs ont ainsi été élaborés :
– CAM-Génération Green Jeunes : destiné aux jeunes agriculteurs ainsi qu’à la jeune entreprise rurale de services à l’agriculture, il vise à accompagner tout porteur d’un projet viable dans le cadre d’une première installation ou d’une reconversion.
– CAM-Génération Green Melkisation : bénéficiant aux ayants droit des terres collectives à titre individuel (personnes physiques) ou en groupement agricole (personne morale), ce pack leur permet de réaliser des projets de modernisation des activités et pratiques agricoles.
Ces packs sont intégrés dans le cadre du programme «Al Moustatmir Al Qaraoui» et bénéficient des mêmes conditions le caractérisant, notamment les taux d’intérêt à 1,75 % HT.
Ces offres spécifiques et packagées intègrent les composantes suivantes : crédit bancaire, subventions FDA classiques, incitations financières spécifiques du Ministère de l’Agriculture, de la Pêche Maritime, du Développement Rural et des Eaux et Forêts, appui technique, expertise et accompagnement non financier. Pleinement inscrit dans la dynamique nationale de soutien à l’entreprenariat des jeunes, le GCAM a développé une série de mécanismes d’accompagnement dédiés aux entrepreneurs ruraux : création du Centre TPE, conception de produits de financement spécifiques (CAM-GG Jeunes, CAM-GG Melkisation), mobilisation en faveur de l’opérationnalisation du programme Intelaka, notamment dans son volet afférent au monde rural « Al Moustatmir Al Qaraoui ». Le réseau de Al Moustatmir Al Qaraoui, qui accompagne autant les projets à vocation agricole que les projets non agricoles en milieu rural ou les projets urbains ainsi que les Startups innovantes, sera déployé dans l’immédiat dans treize centres : Ksar El Kebir, El Hajeb, Berkane, Khemisset, Benslimane, Rabat, Fkih Bensalah, Kelaât Essraghna, Errachidia, Taroudant, Guelmim, Dakhla et Laâyoune
15 autres localités seront déployées dans une seconde phase pour une couverture territoriale plus étendue. Dar Al Moustatmir Al Qaraoui répond ainsi aux orientations stratégiques de Génération Green et du Nouveau Modèle de Développement avec l’objectif de contribuer activement à la création, la formation et l’accompagnement des TPE rurales et vient acter et confirmer le programme de collaboration étroite entre le GCAM et le Département de l’Agriculture pour l’assistance, l’encadrement, le soutien, la formation et l’accompagnement technique des porteurs de projets et entrepreneurs du monde rural. Sont éligibles au programme Al Moustatmir Al Qaraoui les entreprises de moins de 5 ans ainsi que les TPE existantes apportant un élément nouveau de nature à générer de la valeur ajoutée tel que des projets de modernisation, de reconversion vers des cultures à forte valeur ajoutée, projets innovants … Côté digitalisation, le GCAM a mis en place une panoplie de produits innovants pour faciliter l’accès aux services bancaires à l’ensemble des populations, notamment dans le milieu rural où l’importance et l’impact des services digitaux se font ressentir de façon plus accrue. Il s’agit entre autres de Imtiazat-e, première application bancaire gratuite dédiée aux agriculteurs au Maroc.