Qui a dit « Cela m’en touche une sans faire bouger l’autre » ? Cette expression méprisante traduit un propos tenu, qui, selon son auditeur, n’a aucun intérêt ou aucun effet sur la personne visée. Cette expression, plutôt graveleuse, fait en effet référence aux gonades mâles : elle est l’œuvre de Jacques Chirac, qui l’employait souvent. En 1981, Jacques Chirac est invité à commenter en duplex les résultats du deuxième tour des élections législatives sur l’ancienne chaîne Antenne 2, aujourd’hui France 2. Alors qu’il s’apprête à intervenir, il perd patience et interroge, hors-caméra, sans se rendre compte qu’il est déjà à l’antenne: « Qu’est-ce qui arrive à la 2, il faut lui faire chauffer l’appareil ? ». Un an plus tard, toujours sur la même chaîne de télévision, Chirac est questionné sur l’animal en peluche de son enfance. Il répond : « Je n’avais pas d’ours, mais j’avais un lapin auquel je tenais beaucoup ». En 1995, Chirac est interrogé par Arlette Chabot au sujet de l’élection présidentielle. Elle lui demande s’il ira jusqu’au bout et s’il n’a pas l’intention de renoncer. Interloqué, il rétorque : « Vous parlez sérieusement ou vous faites de l’humour ? Soyons sérieux, je vous en prie. » L’entretien se termine sur un plan de la mine déconfite de la journaliste…
La même année, Chirac présente son livre de campagne « La France pour tous ». La couverture est illustrée par un pommier qui intrigue le journaliste Alain Duhamel : « Je suis un mangeur de pommes et j’ai trouvé que c’était joli », explique le candidat. Quelques jours plus tard, il explique au journaliste Bruno Masure : « La pomme est un fruit sympathique et je l’observe tous les jours ». Les pommes vont devenir l’emblème de sa campagne électorale. Sur Canal Plus, les Guignols de l’info vont ensuite populariser la formule « Mangez des pommes ! » et ainsi contribuer à forger l’image d’un homme du terroir, proche du peuple. Lors de sa visite en Israël en 1996, Jacques Chirac devient le « héros » du monde arabe en sermonnant le service de sécurité israélien, exaspéré par son omniprésence et ses méthodes musclées. Dans un anglais approximatif, il s’emporte : « What do you want ? Me to go back to my plane and go back to France ? Is that what you want ? This is not a method. This is provocation ! ». Deux jours après avoir remporté la Coupe du monde de football, l’équipe de France est reçue à l’Elysée à l’occasion de la Garden-party du 14 juillet 1998. Il y avait Zinedine Zidane, Didier Deschamps, Fabien Barthez…
Alors que Jacques Chirac présente le trophée au public, il commet un lapsus en déclarant : « Et voici la Coupe de France… la Coupe du monde pardon ! ». Le président français s’était déjà illustré lors de cette Coupe du monde par son incapacité à scander le nom de certains joueurs de l’équipe de France. Deux ans plus tard, Chirac va populariser l’adjectif : « Abracadabrantesque » dérivé d’abracadabra qu’il utilisa pour qualifier une chose incroyable, mais pourtant bien vrai. En 2000, lorsque la journaliste d’investigation Elise Lucet, sur France 3, interroge le président de la République sur la cassette vidéo Mery qui dénonce le financement occulte de son parti, le RPR, Jacques Chirac se dit « indigné par le procédé, indigné par le mensonge, indigné par l’outrance […] Il doit y avoir des limites à la calomnie […] Aujourd’hui on rapporte une histoire abracadabrantesque ». Plus tard, entre 2002 et 2004, les investigations du juge Armand Riberolles ont validé le contenu de la cassette vidéo dans laquelle Mery, le financier occulte du RPR, né à Casablanca en 1942, affirmait notamment avoir remis 5 millions de francs en espèces à Jacques Chirac en octobre 1986.