Khouribga, une ville française… (4)

le seigneur Boujilali, père de Jilali,son premier enfant né la semaine de la mort du SultanHassan 1er en 1894, inspecte, comme tous les mercredis après-midi, les murailles qui protègent le sou9 du 5misse (marché du jeudi) des razzias des belliqueux Chaouis. Ce seigneur deMnina vit sous l’angoisse de l’arrivée des N’ssara (nazaréens) déjàen Algérie depuis 1830 !Demain, c’est décidé, il va tenter de garder un des commerçantsqui viennent de loin pour vendre leur marchandise au sou9 pouravoir des nouvelles fraîches. Sauf que s’il le garde le soir pour dîner,discuter et dormir, il faudrait lui rembourser son manque à gagnercar il va lui faire rater le sou9 suivant du vendredi « Jem3at Ria7 »(Vendredi des Vents) qui se trouve à l’ouest de Mnina. Qu’importe,Boujilali payera pour avoir des nouvelles fraîches. Reste à savoirquel marchand caravanier itinérant sera son « envoyé spécial » dujeudi soir ? Il décidera demain en fin de journée pour être sûr dene pas se tromper d’informateur. Le lendemain, jeudi après-midi,son choix se porte sur le juif Na9ache (sculpteur, graveur en arabe).Les juifs portent souvent le nom de leur métier. Reste à convaincreNa9ache de rater les ventes du vendredi. Il est prêt à lui donner unRial 7assani pour le dédommager.Le graveur Na9ache se laisse convaincre par la perspective d’un bondîner, le gain d’un Rial 7assani sans avoir à voyager dans le belliqueux pays des Chaouias jusqu’au sou9 du « Vendredi des Vents ».Le dîner est copieux et la veillée très intéressante. Boujilali apprendainsi que le Sultan Hassan 1er a envoyé huit missions marocainesd’études dans les différents pays d’Europe et en Egypte. Si les réformes initiées par ce sultan n’ont pas atteint leurs objectifs, c’està cause de l’insuffisance des moyens, du manque de qualificationdes magasiniers (administrateurs du Makhzen) et de l’hostilité deszéropéens, France et Espagne en tête.Hassan 1er a créé le poste d’Amine Oumana (Amine en arabe estcelui à qui on peut faire confiance) qui centralise sous sa responsabilité trois administrations ayant chacune à sa tête un Amine:« Amine Da5ile » pour les recettes, « Amine 5arije » pour les dépenses et «Amine 7assabe » pour la vérification des comptes. CesAmines ont rationalisé l’administration fiscale, l’intendance despalais, l’exploitation des domaines fonciers, l’organisation de ladouane, les droits des ports, les marchés, la poste, etc… Hassan1er a également créé le ministère des affaires extérieures et réorganisé le service des secrétaires de la Cour.Vu l’importance qu’avaient acquise les relations avec le mondeextérieur et surtout l’Europe, le ministère des affaires extérieuresétait devenu une grande structure. Son responsable s’occupaitnotamment des affaires des « protégés » (ma7myine), des relations entre le sultan et les ambassadeurs des pays étrangers, destraités internationaux et de la correspondance avec les gouvernements étrangers. Aussi, Lamfadel Gharrit fut le premier à assumerla responsabilité de ministre des affaires étrangères. Par ailleurs, leMa5zen a créé à Tanger le poste de représentant du sultan auprèsdes différents pays étrangers. Cette fonction fut successivementassumée par Titouani, Bargach et Torres.L’un des aspects de la réforme fut l’établissement des relationspolitiques, culturelles et économiques avec l’Egypte et la Turquie(Empire ottoman). C’est dans ce cadre-là que s’inscrit la missiond’ouvriers qualifiés égyptiens chargés de faire tourner l’usine desucre de Marrakech et l’envoi en Egypte d’étudiants marocains envue de se former aux techniques de l’imprimerie et aux disciplinesmilitaires. De son côté, Hassan 1er envoya une ambassade dirigéepar Bricha auprès du sultan Ottoman Abdel7amid II

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