La condition humaine mise en filigrane dans le nouveau roman de Binebine

Mahi Binebine a été l’invité d’honneur de l’Institut du Monde Arabe à Paris (IMA), samedi 18 juin 2022. L’écrivain, peintre et sculpteur y a présenté son nouveau roman « Mon frère fantôme », sorti le 11 mai 2022 en France aux éditions Stock et au Maroc aux éditions Le Fennec. A travers cette œuvre de 234 pages, traduite en plusieurs langues, l’auteur propose, par des jeux de miroirs, une magnifique réflexion sur la condition humaine. «C’est un livre assez curieux. L’idée m’est venue depuis très longtemps en lisant un livre d’Alberto Moravia intitulé ‘Moi et lui’», indique l’écrivain. Et l’auteur de « Les étoiles de Sidi Moumen » (Le Fennec 2011, Fennec poche 2017), traduit dans 8 pays et adapté au cinéma par Nabil Ayouch, sous le titre « Les chevaux de Dieu» (primé à Cannes), d’expliquer qu’ «au départ, j’ai fait une petite histoire sur le Marrakech noir et ensuite je l’ai développée en histoire ». En effet, « Mon frère fantôme » raconte deux personnages qui coexistent dans le même corps. « Ces deux personnages passent leur temps à se chamailler. L’un adore l’ordre et l’autre aime se rouler dans la terre. Ce sont deux mondes différents», a-t-il déclaré.

L’œuvre met ainsi en lumière la dualité manichéiste du personnage principal, Kamal, victime d’une confrontation permanente entre ces deux facettes de sa personnalité. « C’est une histoire qui nous renvoie à notre propre dualité intérieure », explique-t-il. En somme, l’histoire est celle du jeune Kamal, le meilleur guide de la place Jemaa El Fna qui a le don des langues. L’instinct de la rencontre, l’habileté du dialogue. Mais dans son corps semblent cohabiter deux personnages, qui ne s’accordent sur rien. Tels des jumeaux siamois coincés dans la même enveloppe, l’un entreprend, tandis que l’autre paresse. « L’un avance, tandis que l’autre piétine. L’un est adepte de l’ordre, tandis que l’autre se complaît dans le chaos. Cette contradiction intérieure, commune à tant d’entre nous, a un formidable terrain de jeu, une ville de Marrakech où tout semble possible, mais où tout est piégé, où modernité et tradition se croisent, où Orient et Occident se bousculent. Entre les immenses eucalyptus et les colonnades de bigaradiers, grisés par les senteurs de la médina, les moteurs trafiqués de mobylette vous jettent dans la cohue où la poussière recouvre les traces des pires forfaits.

Né dans ces ruelles obscures, avec une mère sans le sou, un frère brutal et une sœur candide, notre narrateur donnera tout pour faire entrer le soleil dans la maison et chasser son frère fantôme. Il a l’audace de la jeunesse et sait s’appuyer sur l’amitié. Mais, comme des belles-de-nuit, ces fleurs qui poussent à tous les coins de rue, aucun de ces personnages n’échappera à son milieu social, celui des mauvaises herbes. », peut-on lire dans la présentation du roman.

Par ailleurs, Mahi Binebine s’apprête à présenter son nouvel opus à la Librairie l’Arbre à lettres à Paris ce mercredi 22 juin, les 25/26 juin au Salon du livre et du vin de Saumur (France) et le 15 juillet à la Librairie les insolites de Tanger.

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