Le titre de l’ouvrage, « Le mur des paresseux », paru en 2021 aux éditions Orion, renvoie à une image qui a une double signification : la proximité de Tanger du continent européen et le désœuvrement d’une jeunesse de la ville du détroit et de sa région qui ne pense qu’a rejoindre l’eldorado situé à 12 km de Tanger. Dans son nouveau roman, l’écrivain tangérois Ali Benziane rend hommage à sa ville, mais aussi à la musique jazz. « Se sachant condamné par la maladie, Alcide Benezi, un saxophoniste réputé, quitte son Paris natal pour retourner à Tanger, sa ville de cœur. Il y retrouve son vieil ami Nadir Acabache, un écrivain en mal d’inspiration qui s’enferme peu à peu dans une inertie fatale. Livré au mal qui le ronge et au fil des souvenirs qui ressurgissent, Alcide se laisse peu à peu sombrer dans une longue descente aux enfers.
Au cours de ses errances, entre rêve et réalité, les voix d’autres personnages s’entremêlent pour nous porter jusqu’au dénouement de cette symphonie tragique. Le roman rend hommage à la ville du détroit mais aussi au jazz, par son histoire et sa structure narrative particulière. Chacune de ses sept parties est une invitation à explorer les méandres des passions humaines, de la mémoire, du temps, du silence, de l’amour et de la mort, dans un monde où s’enchevêtrent les destinées, et qui rappelle celui où évoluent les personnages des grandes tragédies grecques. » Hanté par la présence destructrice de son saxophone, un personnage à part entière du roman, Alcide revient sur les lieux qui l’ont aidé à trouver l’inspiration, parmi eux, la ville de Tanger, l’un des lieux les plus emblématiques pour son succès planétaire nommé « Lazy’s wall (Le mur des paresseux) ».
Face au mutisme et à l’inertie fatale dans laquelle s’enferme son ami Nadir, Alcide se retrouve livré à lui-même et au fil des souvenirs qui ressurgissent : son enfance, ses débuts dans le jazz, sa rencontre avec sa femme… Bouleversé par une rencontre imprévue avec Malone, un immigré subsaharien de passage à Tanger, il retrouve peu à peu son envie de vivre. Mais cette rencontre aura aussi des conséquences inattendues qui conduiront à un enchaînement d’événements aux conséquences tragiques. Chacun des sept chapitres du roman invite le lecteur « à explorer les subtilités de la passion humaine, de la mémoire, du temps, du silence, de l’amour et de la mort, ainsi que le manque d’inspiration et le désespoir qui en résulte. Dans un monde destins entrelacées, cela rappelle l’évolution des grands personnages tragiques grecs. L’image du saxophoniste John Coltrane figure en bonne place dans le livre, mais on retrouve également d’autres musiciens légendaires à travers l’histoire, comme Thelonious Monk ou Duke Ellington. D’importantes figures artistiques de la ville de Tanger, comme Mohamed Choukri ou Francis Bacon, qui apparaissent également dans la lecture. « Le mur des paresseux» est une tentative de fusionner entre la musique et la littérature qui sont deux arts complémentaires… à moins que la musique ne soit en fait que l’accomplissement de la littérature… Pourquoi le titre «Lazy’s « ou Le mur des paresseux ou encore «Sour maaguiz»? « Le mur des paresseux, qui est le titre du roman, évoque un des lieux les plus emblématiques et les plus visités de Tanger. L’essentiel de l’intrigue s’y déroule et gravite autour de cet endroit où viennent se rassembler les désœuvrés et les gens en quête d’une destinée. On peut considérer que la ville de Tanger où j’ai passé toute mon enfance et où je vis actuellement, est aussi un personnage du roman. Cette ville n’a jamais cessé de m’inspirer, il y a une vraie magie propre à Tanger qui semble en dehors du temps, des histoires et des tragédies trop humaines.
Mon premier recueil de poèmes ‘Tingis‘ est entièrement consacré à cette réalité mythique de Tanger qui a envoûté tellement d’artistes et continue à envoûter poètes, peintres et écrivains. Impossible de ne pas faire une place dans mon roman à des personnalités artistiques comme Mohammed Choukri ou Francis Bacon, dont la vie et l’œuvre sont liées à Tanger. »
Ali Benziane, Al Bayane, 27 février 2022.
Né en 1988, Ali Benziane est docteur en pharmacie, poète et écrivain. Sa poésie, profonde et spirituelle, est en même temps lyrique et très influencée par le symbolisme. «Tingis», son premier recueil de poèmes, est paru aux éditions Onze en décembre 2020.