Version mise à jour de l’essai sorti en 2020 chez L’Esprit du Temps. L’ouvrage de 274 pages réédité récemment chez La Croisée des Chemins zoome sur un fléau social qui malgré d’importants progrès en matière maritale demeure une réalité de par le monde.
« Malgré un âge de mariage des femmes de plus en plus élevé, le mariage précoce est une réalité malheureusement encore très fréquente. Au Maroc, des dizaines de milliers de fillettes continuent d’être mariées tous les ans. De par le monde, près d’une fillette sur quatre devient épouse alors qu’elle est encore enfant. Anthropologiquement parlant, les unions précoces nous rappellent que jusqu’au XXe siècle, le mariage à toujours été une alliance entre deux groupes humains, entre deux communautés, deux familles. » Le livre analyse très finement l’évolution du mariage à travers les civilisations, de Sumer et Babylone à la Grèce et à la Rome antique puis surtout dans les trois grands monothéismes : le judaïsme, le christianisme et l’islam.
Des enquêtes anthropologiques inédites réalisées par l’auteur révèlent les réalités des populations où sévit le mariage des fillettes. Les enjeux au début du XXIe siècle sont analysés pour comprendre ce type d’union, par essence traditionnelle, mais aujourd’hui inacceptable.
« En 2014, l’Unicef estimait que, à travers le monde, plus de 700 millions de femmes et plus de 150 millions d’hommes ont été mariés avant l’âge de 18 ans. Les filles qui ont été mariées avant 15 ans sont estimées à près de 250 millions. Les deux tiers (67%) des femmes mariées alors qu’elles étaient mineures vivent en Asie, 15% d’entre elles, environ, vivent en Afrique et 9% en Amérique latine et aux Caraïbes. L’Inde, à elle seule, en contient le tiers. »
Chakib Guessous est socio-anthropologue et médecin radiologue. Il travaille depuis longtemps sur l’évolution de la société traditionnelle marocaine et notamment sur la défense des droits de l’enfant, sa scolarité et l’alphabétisation ; la jeunesse et le célibat ; la pauvreté et l’exclusion.