Les primes départ voyage, non restituées en cas de refus d’un visa Schengen, représentent des fonds indûment empochés par les compagnies d’assurance opérant au Maroc. La Fédération nationale des associations de consommateurs (FNAC) vient de monter au créneau pour en exiger le remboursement. Une bataille juridique en perspective.
Les dossiers de visas Schengen génèrent un profit très discutable surtout lorsque le visa n’est pas accordé. La première source d’argent réside dans les tarifs des visas, qui s’élèvent à près de 1300 DH (environ 120 euros) dont le candidat s’acquitte à l’avance. Une fortune, contenu du volume des dossiers déposés, qui tombe dans l’escarcelle des services consulaires du pays européen, que le demandeur obtienne son visa ou pas. Ce qui n’est pas juste puisque n’est rétribué d’un point de vue commercial ou de service qu’une prestation effectivement assurée. La seconde source d’argent non moins considérable provient des assurances voyages que tout candidat doit souscrire pour 700 DH environ et mettre dans son dossier de visa. Objectif : se protéger à l’étranger contre les accidents, les maladies ou toute autre incident fâcheux dont la prise en charge peut coûter très cher. Là aussi, ce ne sont pas tous les demandeurs qui obtiennent leur visa. Les refus sont de plus en plus nombreux, qui génèrent des montagnes d’argent que les compagnies d’assurance empochent de manière indue.
Frais de visas et police d’assurance non remboursés constituent évidemment deux cas d’abus qui commencent à être dénoncés par les associations de consommateurs au Maroc. Le 24 juin, la Fédération nationale des associations de consommateurs (FNAC) a fustigé dans un communiqué des «pratiques injustes et inacceptables» adoptées par certains assureurs qui refusent de rembourser les frais de la police d’assurance pour un séjour en Europe, en cas de refus du visa Schengen. Ce qui s’apparente selon cette instance à une « pratique n’est pas seulement injuste, mais peut être considérée comme un enrichissement indu et une violation des engagements éthiques et moraux envers les consommateurs.»
La fédération en question juge «cette situation préoccupante, sachant que l’assurance voyage constitue une condition obligatoire pour obtenir le visa Schengen, obligeant ainsi les postulants à engager des dépenses supplémentaires, sans aucune garantie de remboursement en cas de refus». La FNAC demande l’intervention des autoritéspour mettre fin à ces pratiques inacceptables qui obligent les Marocains à s’acquitter d’un service dont ils ne peuvent pas bénéficier, sans aucune garantie de remboursement. Or, cette garantie de remboursement est offerte par les compagnies d’assurance étrangères opérant en ligne qui recommandent de prendre l’option refus de visa permettant de récupérer une partie de la prime sur présentation d’avis de refus du visa. Le défaut de remboursement n’est pas le seul reproche fait aux assureurs marocains. Les offres d’assurance voyages proposées par ces derniers, d’une durée de 6 mois ou 12 mois, pèchent également par leur absence de flexibilité puisque des compagnies étrangères en ligne proposent des offres de moins de 3 mois adaptées au séjour de chacun…En effet pourquoi, faire payer une assurance départ à l’étranger de 6 ou 12 mois à une personne qui part pour un voyage de quelques jours seulement, s’interrogent à raison les responsables de la FNAC qui ont évalué à 88 millions de DH les fonds indûment engrangés en 2022 par les compagnies marocaines proposant des assurances voyages en se basant sur le nombre de dossiers visas Schengen rejetés communiqué par le portail Schengen Visa Info. Sensible aux revendications de la FNAC, l’Autorité de Contrôle des Assurances et de la Prévoyance Sociale (ACAPS) s’est saisie de ce litige et compte bien trouver une solution à ce problème qui pénalise les candidats malheureux au visa européen. Ça r-assure.