Le torchon brûle entre le ministre du Transport et de la logistique Abdessamad Kayyouh et le directeur général de l’aviation civile Tarik Talibi. Depuis quelque temps, celui-ci est dans le viseur du ministre istiqlalien qui lui reproche le refus d’exécuter son agenda politique à mille lieues de sa mission de régulateur de la sécurité aérienne. A caractère purement électoraliste, l’agenda de M. Kayyouh, par ailleurs député de Oulad Tayma, à Taroudant, s’apparente à un drôle de plan de vol consistant à offrir des marchés publics à ses proches sans passer par une mise en concurrence en bonne et due forme ! Une injonction à laquelle M. Talibi refuse de se soumettre, déterminé à protéger de la prédation le budget de plus de 100 millions de DH alloué à la direction de l’aviation civile (DAC), notamment pour les frais de formation, études et autres primes. Une manne qui fait saliver le ministre istiqlalien et aiguise follement son appétit. Mais avec M. Talibi, un haut cadre maison très brillant qui a démarré sa carrière au ministère du Transport dans les années 90, la grande bouffe à la sauce partisane est interdite.
Comme M. Talibi fait de la résistance, M. Kayyouh n’a pas hésité à déployer tous les moyens du harcèlement et de la vengeance en sa possession. Première action : Envoi de missions d’inspection pour vérifier la conformité des dépenses engagées par la direction récalcitrante. Les enquêteurs n’ayant rien trouvé à se mettre sous la dent, notre ministre de haut vol décide de le déposséder de l’essentiel de ses attributions qu’il a déléguées à un homme-lige qui ne connait que dalle à l’aviation civile.
Poussé dans ses derniers retranchements, Abdessamad Kayyouh est allé jusqu’à saisir le chef du gouvernement pour obtenir son accord de débarquer cet ingénieur d’État en aéronautique qui ne demande qu’à s’acquitter de sa mission pour laquelle a été nommé en décembre 2024 en Conseil de gouvernement. Il faut dire que les chantiers sont nombreux: en plus des aspects liés à la réglementation du transport aérien la formation des pilotes ainsi que le contrôle des activités aéronautiques, il y a la planification des nouvelles infrastructures aéroportuaires lancées par l’ONDA dans le cadre de la stratégie « aéroports 2030 ». Sans compter la régulation, la sûreté et la sécurité du transport aérien, la gestion du trafic aérien et le suivi des conventions internationales et des accords signés par la Maroc dans le domaine du transport aérien. Le ministre, lui, navigue dans un autre monde, considérant que le directeur général de l’aviation civile doit être à son service et lui obéir au doigt à l’œil pour ses commandes les moins avouables. Aux dernières nouvelles, Aziz Akhannouch a refusé de répondre favorablement à la requête du ministre qui brûle de faire atterrir un beniniouiste à la chefferie de la direction générale de l’aviation civile.
La rédaction