Mal en a pris à Abdessamad Kayyouh (Pour ceux qui ne connaissent pas de qui il s’agit, l’intéressé officie comme ministre istiqlqlien du Transport et de la logistique dans le cabinet remanié de Aziz Akhannouch) de s’offrir un selfie avec le président de la Turquie, lors du forum mondial sur la connectivité des transports organisé à Istanbul, et de mettre la photo-souvenir où il affiche un sourire enchanté sur les réseaux sociaux. L’affaire prend aussitôt une tournure pour le moins inattendue pour notre admirateur du sultan turc qui essuie une belle volée de bois vert de la part d’internautes en furie. Violemment percuté par les critiques alors qu’il était transporté de joie. Un ministre marocain ne devrait pas faire ça, décrète le tribunal de la virtualité qui a trouvé sa tête de Turc. Certains sites électroniques politisent même l’histoire en lui reprochant d’avoir agi en touriste et non comme membre de gouvernement.
Question de fierté nationale qui, parait-il, en a pris un sérieux coup, à en juger par le déchaînement des réactions négatives. Toute cette bronca pour un petit selfie arraché par un fan avec sa star politique préférée! C’est cela la signification du geste de M. Kayyouh : il admire Erdogan qu’il doit considérer comme son modèle si bien qu’il saute sur l’occasion de l’avoir à portée de téléphone! Une photo-faire-valoir. Un cliché accélérateur de notoriété. Preuve, Kayyouh, le fils du phénoménal feu Ali Kayyouh, jusqu’ici très peu connu y compris dans son propre pays où il brille par son absence, accède subitement à la célébrité. Jamais il n’a eu droit à une tel buzz (good ou bad) sur les réseaux sociaux qui au fond lui ont fait un procès en admiration d’une personnalité politique étrangère. Il aurait été certainement de bon ton et politiquement correct qu’il admire une personnalité maison, du cru: le chef du gouvernement qui carbure non stop aux promesses de l’Etat social ou son patron au parti et collègue au gouvernement, le très flegmatique Nizar Baraka, auquel il doit son retour inespéré aux affaires après avoir siégé dans celui de Abdelilah Benkirane. Ingrat, va ! Notre ministre n’en a cure, il a réussi, n’en déplaise aux jaloux et aux hargneux, sa mission de selfiguration et de connectivité personnelle. L’essentiel pour lui c’est qu’il est parvenu à se connecter avec son idole dont il a immortalisé la rencontre. Le cliché retiré des plateformes numériques après l’éclatement du « scandale » figurera à coup sûr en bonne place dans le salon de « Saadat Al Wazir ».
A.Z