Indice d’intégrité de la recherche scientifique 2025 : Les universités marocaines mal notées

Le ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation, Azzedine El Midaoui.

Ce constat peu flatteur met en lumière les travers du monde universitaire qui pris dans la course aux indicateurs a tendance à recourir aux solutions de facilité aux dépens de l’éthique et de la rigueur académique.

Seddik MOUAFFAK

Puisée dans l’indice d’intégrité de la recherche scientifique 2025, l’information a fait l’effet d’un coup de massue : pas moins de dix universités marocaines, et non des moindres, se trouvent au banc des accusés, pour cause de non-respect des critères d’intégrité et de transparence des publications de leurs étudiants et enseignants s’adonnant à l’exercice de la recherche scientifique. Ce qui a valu aux universités en question de ne pas figurer dans les revues scientifiques sérieuses non seulement pour cause d’erreurs scientifiques, mais aussi pour cause de fraude et de plagiat. Il s’agit de l’université Ibn Tofail de kénitra, dont 165 articles scientifiques lui ont été retirés sur les 2154 publiés, ce qui lui a valu d’occuper le rang 117 au niveau international. Elle est suivie des quatre autres universités en mal de classement et qui ne sont autres que l’université Ibn Zohr d’Agadir (96 articles scientifiques retirés des 1912 publiés), l’université Hassan II de Casablanca ( 202 articles scientifiques retirés sur les 3668 publiés), l’université Mohamed V de Rabat (253 articles retirés de la publication sur les 4544), l’université Sidi Mohamed Ben Abdellah de Fès (191 articles scientifiques retirés de la publication sur les 3646 effectivement publiés). Viennent, ensuite, selon un degré moindre de gravité (puisqu’elles sont considérés « sous contrôle»), les universités Abdel Malek Assaadi, l’université le Sultan Moulay Soulaimane, l’université Moulay Ismael, l’université polytechnique Mohamed VI et l’université Qadi Ayyad de Marrakech. A cause de ces mauvais classements des universités nationales à l’international, le Maroc occupe en comparaison avec d’autres pays de l’Afrique du Nord et du Moyen -Orient, la troisième place parmi les six pays cités dans ce classement. A leur tête les 25 universités de l’Arabie Saoudite et les 19 universités d’Egypte. Quant aux quatrièmes universités mal classées  elles sont irakiennes et jordaniennes (5 universités pour chaque pays) et tunisiennes (5 universités).

Ce constat peu flatteur met en lumière les travers du monde universitaire qui pris dans la course aux indicateurs a tendance à recourir aux solutions de facilité aux dépens de l’éthique et de la rigueur académique. Puisque la fin justifie les moyens, même un usage – souvent mal intentionné -des nouvelles technologies d’intelligence artificielle a contribué à vider le processus d’apprentissage de sa substance créative et innovante. Avec ces nouveaux outils capables de générer des dissertations complètes en quelques secondes, certains étudiants -pas tous heureusement- sont tentés de contourner l’effort intellectuel nécessaire à l’apprentissage. A quoi bon passer, alors, des heures et des heures d’apprentissage et de recherches, à quoi bon fréquenter régulièrement les bibliothèques, alors qu’il suffit de faire appel à l’Intelligence artificielle pour générer toutes les informations nécessaires et les rédiger en toute vitesse ? Ni sources savamment réunies, ni références bibliographiques si difficilement sélectionnées avec rigueur, tout est concocté en quelques minutes. Et le plat de connaissances est servi. Presque sans effort. Sans esprit critique. Résultat : de plus en plus d’étudiants utilisent les nouvelles technologies dans le cadre de leurs études, oubliant  en cours de route, le ba-à- ba des méthodologies de la recherche. Et quand on y associe le manque de lectures assidues et critiques tout autant que l’absence d’éthique personnelle, alors, bonjour les dégâts.

Cependant, il ne faut pas croire que l’utilisation de l’Intelligence artificielle dite générative est une spécificité marocaine. La majorité des étudiants en doctorat du monde entier cèdent aux sirènes de l’IA qui opèrent à partir de la masse de données déjà existantes. D’où le manque de créativité dans les rendus de l’IA. Dans un monde qui commence à être régenté par les outils numériques favorisent la paresse intellectuelle, il est compliqué de demander à un doctorant ou un étudiant de ne se fier qu’à sa propre intelligence pour confectionner ses travaux.


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