A la présidence de la deuxième Chambre, le fils du seigneur du Sahara, Hamdi Ould Errachid, a remplacé son beau-frère, Naam Miara, pressenti pour entrer au gouvernement lors du prochain remaniement…
La présidence de la deuxième chambre est-elle devenue le monopole de la famille Ould Errachid ? C’est la question qui se pose d’emblée après l’élection vendredi 11 octobre 2024, à l’occasion de l’ouverture de la session parlementaire d’automne, de Sidi Mohamed Ould Errachid de l’Istiqlal à la tête de cette institution parlementaire pour la seconde moitié de la législature actuelle. Le nouveau chef, candidat unique au perchoir et fort du soutien de la majorité, a remplacé dans cette fonction un autre istiqlalien, Naam Miara, qui n’est autre que le gendre du papa du nouveau président, pressenti pour entrer au gouvernement dans le prochain remaniement… Le papa c’est Hamdi Ould Errachid, l’homme fort de l’Istiqlal, avec lequel le secrétaire général Nizar Baraka doit composer depuis qu’il a grandement contribué à son élection à la tête du parti en octobre 2017 au détriment du fameux Hamid Chabat qui s’était vu barrer la route à un second mandat qui aurait été fatal à la formation nationaliste en raison de ses prises de position aux antipodes de l’ADN istiqlalienne. M. Baraka lui doit son soutien décisif dans la bataille livrée contre M. Chabat que papa Hamdi avait pourtant soutenu pour prendre le contrôle du parti contre le clan de El Fassi. Accusé de tous les maux par les figures historiques du parti qui lui reprochaient notamment sa décision intempestive d’avoir claqué la porte du gouvernement Benkirane, en juillet 2013, Chabat était devenu contre-productif, voire dangereux…
Le seigneur du Sahara, c’est Hamdi Ould Errachid, l’homme au visage spartiate et au regard énigmatique issu des descendants de Sidi Ahmed Rguibi, fondateur de la très influente tribu Rguibat. Hamdi règne sur Laâyoune dont il est devenu le maître incontesté. Rarement notabilité locale aura concentré autant de leviers entre ses mains : politique, économique et social. Milliardaire multi-rente (pêche hauturière, immobilier, hôtellerie, construction, stations d’essence…), il ne craint nullement le mélange des genres et la collision entre politique et argent. Bien au contraire. Ce nabab du désert, très peu communicatif, s’est servi de son statut de privilégié pour avancer ses pions et verrouiller le système politique local et régional. Mission accomplie au-delà de toute espérance. Ce système est aujourd’hui totalement contrôlé par Ould Errachid et son clan familial dans des proportions incroyables… Autour du patriarche, député-maire de Laâyoune depuis 2002, gravitent les membres de sa famille dotés tous d’un mandat électif. À commencer par son fifils Mohamed dont il a fait son premier adjoint à la commune en l’aidant à accéder à la deuxième Chambre dont il devient aujourd’hui président, après avoir été membre de la Commission de justice, de législation et des droits de l’Homme.
Le président de la région Laâyoune-Sakia Al Hamra n’est autre que le neveu du patriarche: Brahim Ould Rachid, tandis que la chefferie de la Chambre de commerce est revenue à son cousin Sidi Khalil Ould Errachid. Quant à la Chambre d’agriculture, elle est entre les mains de Ahmed Ahmimid. La présidence de l’Union générale des travailleurs marocains (UGTM), bras syndical de l’Istiqlal, a été dévolue à Naâma Miara. D’un naturel madré, Hamdi Ould Errachid a réussi une ascension politique fulgurante qui a démarré au début de la décennie 2000. À cette époque, il faisait partie, en sa qualité d’agent d’autorité, des chioukhs chargés de l’opération de recensement et d’identification des votants pour le référendum d’autodétermination enterré par l’ONU pour son caractère impraticable. Avant cette date, l’homme était discret, méconnu du grand public, se contentant d’évoluer dans l’ombre de son frère cadet, le très médiatisé Khelli Henna Ould Errachid qui se distinguait par ses sorties spectaculaires et controversées sur le dossier du Sahara. Coïncidence ou juste un partage des rôles, l’émergence de Hamdi comme un acteur politique majeur au Sahara s’est accompagnée du retrait de Khelli Hanna dont on n’entend pratiquement plus parler… 2003 marque l’entrée de Hamdi Ould Errachid au Parlement où il remplace Khelli Henna qui quitte cette institution au terme de plusieurs mandats (1977-2002) ainsi que la présidence du conseil municipal de Laâyoune au profit de son frère aîné suite à sa nomination à la tête du Conseil royal consultatif des affaires sahariennes (Corcas), une instance créée en 2006 dont les dirigeants sont entrés en hibernation depuis plusieurs années.