Maroc-Mali : Lions sans rugissements, tribunes sans passion

Un nul qui retarde la qualification du Maroc.

Jamil Manar 

Match tiède, gradins trop sages et des choix tactiques discutables : le nul du Maroc face au Mali a laissé plus qu’un goût d’inachevé…

Le match nul contre le Mali dans la soirée du vendredi 26 décembre a provoqué une véritable onde de choc parmi les supporters marocains. Sur les réseaux sociaux, la frustration s’est exprimée sans filtre : critiques acerbes contre les choix tactiques de Regragui, incompréhension face à l’absence de renouvellement dans l’équipe.

Les gradins du stade de Rabat ont offert un spectacle aussi tiède que le match lui-même. Pas de chants vibrants, peu de ferveur, une ambiance qui sonnait creux… Comme si les Lions de l’Atlas jouaient devant un public de salon. Le silence en tribunes met de nouveau en lumière un grand paradoxe constaté dès le démarrage de la CAN: ceux qui vivent le foot comme une passion populaire étaient absents. Évincés par des billets trop chers, une billetterie inaccessible, et des choix qui ont favorisé les portefeuilles plutôt que les tripes.

Face au Mali, les Lions de l’Atlas ont manqué cruellement de ce « 12e homme » qui galvanise, qui pousse, qui met la pression sur l’adversaire et même l’arbitre. À Rabat, il faut le reconnaître, l’ambiance était… trop sage. Un public poli, discipliné, presque en mode « spectateur », là où l’on attend des chants, des tambours, des clameurs. Une ambiance glaciale, loin de ce qu’on attend d’un match des Lions de l’Atlas en pleine Coupe d’Afrique.

Or, cecn’est pas avec des gradins peu animés, garnis de BCBG, d’invités VIP, d’influenceurs en mode story plutôt qu’encouragements que les Lions de l’Atlas peuvent rugir…

C’est là que le choix du dispositif billetterie montre  encore une fois ses limites. En misant sur une distribution élitiste, via des applications complexes, des prix inaccessibles, on a dopé le marché noir et écarté le cœur du public marocain. Celui des quartiers, des ultras, des supporters passionnés.

Il aurait fallu peut-être anticiper en créant un quota populaire, avec des billets subventionnés, une vente directe dans les quartiers, ou même offrir l’accès à des groupes de supporters organisés. La CAN, ce n’est pas un gala. C’est une fête populaire. Et sans la chaleur du vrai public, le spectacle perd en intensité.

Mais l’absence de ce « 12e homme » n’est pas le seul facteur à pointer du doigt. Sur le terrain aussi, les choix de Walid Regragui ont encore soulevé des questions. Entre des remplacements tardifs, une animation offensive peu inspirée, et des options tactiques discutables face à une équipe malienne bien en place, les Lions ont donné l’image d’un collectif en manque de repères, alternant le bon et le très moyen. S’ils ont ouvert le score, les coéquipiers de Diaz ont manqué de maîtrise pour tuer le match, concédant l’égalisation après avoir reculé et laissé le jeu à l’adversaire. Le manque d’impact offensif et les imprécisions techniques se sont à nouveau fait sentir, comme face aux Comores.

Résultat : un match nul (1-1) à la saveur d’une victoire manquée, dans une ambiance glaciale, loin de ce qu’on attend d’un match des Lions de l’Atlas en pleine Coupe d’Afrique.

Ce match nul complique la tâche des Lions de l’Atlas. Avec seulement 4 points après deux matchs (victoire contre les Comores et nul contre le Mali), le Maroc devra absolument décrocher  la victoire contre la Zambie. La pression monte.


Walid Regragui avait l’occasion rêvée de profiter de la dynamique des jeunes générations pour relancer son groupe sur des bases solides. Entre les U20 champions du monde et les joueurs de la sélection locale qui ont décroché la Coupe Arabe, le vivier est riche, talentueux et en pleine confiance.

Intégrer ces jeunes aurait permis d’injecter de l’énergie, de la fraîcheur et une motivation débordante, des qualités souvent décisives dans les grandes compétitions comme la CAN. Cela aurait aussi envoyé un signal fort : celui d’un sélectionneur tourné vers l’avenir, capable de faire évoluer son effectif. 

À force de rester fidèle aux cadres du Qatar, il prend le risque de plomber l’équipe, là où il aurait pu créer une alchimie nouvelle entre expérience et jeunesse.

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